Pénurie de carburant: quel impact sur les bouchons dans les Hauts-de-France?

L'autoroute A1 est l'un des axes les plus empruntés dans les Hauts-de-France. - BFM Lille
Impossible de les manquer. Les files d'attente à la pompe n'ont de cesse de grossir en France, conséquence directe des grèves qui perturbent l'activité des raffineries depuis deux semaines, des remises attractives dans les stations TotalEnergies et du vent de panique qui semble traverser les automobilistes.
Les Hauts-de-France constituent même la région la plus touchée par les manques d'approvisionnement, les mouvements sociaux perdurant essentiellement dans la moitié nord du pays. Si la CGT a annoncé ce jeudi la reconduction de la grève dans les sites du groupe TotalEnergies, dont le dépôt de carburant de Flandres, près de Dunkerque, le gouvernement a décidé d'engager la réquisition de membres du personnel en vue d'une reprise d'activité.
Mais pour l'heure, la crainte de ne pas pouvoir remplir son réservoir est toujours prégnante. Elle se matérialise par un accroissement des navigations vers les stations-service sur les GPS. Selon les données communiquées par Waze à BFMTV.com, le nombre d'automobilistes ayant indiqué à l'application vouloir se rendre à la pompe a bondi de 110% dans les Hauts-de-France depuis le début de la crise, le 27 septembre, contre 78% à l'échelle nationale. Une hausse particulièrement perceptible à partir de 22 heures, de l'ordre de 85%.
Explosion des bouchons
La crise des hydrocarbures a-t-elle pour autant un impact sur les bouchons dans la région? Il semblerait bien que oui, si l'on se fie aux données de Waze. Entre le 27 septembre et le 7 octobre, le nombre de signalements d'utilisateurs de l'application a bondi de 60%, suggérant une intensification de la congestion sur les routes. Une légère baisse, de l'ordre de 9%, a ensuite été identifiée depuis samedi. Cette tendance générale s'observe d'ailleurs dans la plupart des métropoles étudiées par Waze.
Cette observation est aussi notée du côté de TomTom. Le fabricant de systèmes de navigation GPS s'est intéressé au degré d'encombrement sur les routes de l'agglomération lilloise. Ce taux de congestion permet d'estimer en pourcentage l'allongement des temps de trajet en comparant les périodes de bouchons par rapport aux moments où le trafic est fluide.
Entre les lundis 19 septembre et 10 octobre, par exemple, TomTom a constaté une augmentation hebdomadaire de ce taux de congestion. D'abord de 33 à 37% le 26 septembre, la hausse des temps de trajet est ensuite passée de 37 à 38%, puis de 38 à 41%. Soit un bond de huit points en trois semaines. TomTom observe des chiffres similaires les jours suivants, sauf le week-end, où les changements sont moindres.
L'étude des données aux heures de pointe révèle que la tension sur les routes se ressent davantage le soir, à 18h. Six des sept jours de la semaine du 3 octobre, le taux de congestion aura été supérieur à celui de la semaine précédente, avec des écarts de parfois 10 ou 11 points. Le mardi, notamment, l'indicateur atteint à 79%, contre 68% la semaine précédente et 53% celle d'avant.
Alternatives à la voiture, télétravail...
Contrairement à l'agglomération lilloise, l'Île-de-France et le Grand Lyon ont vu les temps de trajet sur leurs routes rester stables, avant l'amorce d'une baisse ce week-end.
Avec une hausse de 15% des navigations à destination des métros et de 3,5% vers les trains à l'échelle nationale, Waze estime qu'un "report" de mode de transport semble s'opérer pour une partie de la population française. Le recours à d'autres moyens de locomotion que la voiture pourraît contribuer à expliquer la réduction de 5 à 7% des distances de trajet décelée depuis le 7 octobre.
La présence d'alternatives à la voiture, certainement plus nombreuses en Île-de-France ou dans le Grand Lyon que dans la région lilloise, est potentiellement une piste d'explication à la différence d'effet sur le trafic d'une agglomération à une autre.
De son côté, TomTom ne minimise pas le rôle que peut jouer le télétravail sur la congestion des routes, avec une bascule a priori plus simple dans des villes où l'économie est plutôt centrée sur le secteur tertiaire, comme c'est le cas à Paris ou Lyon.
Pour l'heure, l'entreprise appelle à "voir sur la durée", notamment d'ici la fin de la semaine, si ces différents phénomènes se confirment.