BFM Lille
Grand Lille

"On entendait les gravats tomber": les étudiants qui ont donné l'alerte avant l'effondrement d'un immeuble à Lille témoignent

placeholder video
Au micro de BFMTV, Thibault, Constantin et Gaspard, les trois étudiants qui ont permis l'évacuation de l'immeuble rue Pierre Mauroy à Lille avant son effondrement samedi, racontent leur nuit.

Thibault Lemay, Constantin Honoré et Gaspard Torris. Ce sont les noms des trois héros de la capitale des Flandres. Dans la nuit de vendredi à samedi, les trois colocataires ont donné l'alerte auprès des pompiers de Lille pour évacuer leur bâtiment qui s'est effondré quelques heures plus tard, au matin du 12 novembre.

Leur geste, qui a permis de sauver des vies, a été applaudi par tous les responsables politiques. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a estimé sur BFMTV que Thibault Lemay "méritait d'être salué par la République".

"J'ai vu que le mur était fissuré"

C'est cet étudiant de 22 ans qui, à trois heures du matin, s'est rendu compte du danger en rentrant chez lui. "Quand j'ai passé la porte d'entrée, j'ai vu que le mur était fissuré", raconte-t-il au micro de BFMTV.

"Puis j'ai passé la deuxième porte et j'ai vu que tout le flanc du mur était totalement bombé." Il n'avait "jamais vu ça avant" et s'inquiète.

"Je monte vite voir mes colocs", poursuit Thibault. Mais une fois arrivé sur le pallier, "je me rends compte que je n'arrive même pas à ouvrir la porte d'entrée."

"L'immeuble avait tellement bougé que le cadre de la porte avait forcé et on n'arrivait pas à l'ouvrir", raconte Thibault. À l'intérieur, Constantin et Gaspard regardent un film. Les deux garçons sont rentrés vers 23 heures et n'avaient rien remarqué de suspect dans leur immeuble.

"Ça continuait à tomber derrière"

C'est Constantin, "en faisant levier" qui réussit à ouvrir la porte et permet à Thibault de rentrer dans l'appartement. Les trois étudiants font le point sur la situation, constatent les dégâts. En quelques instants, ils appellent les propriétaires, puis les pompiers.

"J'ai juste décrit rapidement les dégâts, et je pense qu'en cinq ou dix minutes ils étaient là", explique Constantin.

"Ce qui nous a pressés sur le moment, c'est que le mur était bien ouvert. Mais ça continuait à tomber derrière, il y avait de la poussière qui sortait du mur, on entendait les gravats continuer à tomber", poursuit le jeune homme.

L'ensemble des occupants de l'immeuble est évacué. Le bâtiment voisin, au 42 rue Pierre Mauroy ne le sera pas. Les secours retrouveront dans la nuit de samedi à dimanche le corps d'une victime sous les décombres.

Une évacuation rapide

En évacuant, les trois étudiants ne prennent qu'un sac d'affaires et vont dormir chez leurs parents. C'est tard dans la matinée samedi qu'ils apprennent que leur immeuble s'est effondré.

"À 10h30, je désactive le mode avion de mon téléphone et là je vois une quantité de messages affolants de plein de gens pour me demander si je suis vivant", raconte Gaspard.

"Au début, on n'y croit pas vraiment. (...) Ça nous paraissait totalement inconcevable que l'immeuble puisse s'écrouler", dit-il.

Les jeunes hommes ne commencent à réaliser que maintenant qu'ils ont eu un comportement parfait. "On a un voisin qui désire fortement nous payer une bière, donc c'est plutôt sympa", glisse Thibault.

Célia Giusfredi et Valentin Rivollier, avec Ariel Guez