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Nord: un ex-secrétaire du CE de Bombardier renvoyé en correctionnelle pour "abus de confiance"

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Il est reproché à Michel Poce d'avoir mis en place un "système de détournement des fonds alloués au comité d'entreprise" entre 2007 et 2010.

Un ex-secrétaire du comité d'entreprise de Bombardier-Crespin (Nord, devenu Alstom) sera jugé pour "abus de confiance", suspecté d'avoir détourné des centaines de milliers d'euros alloués au CE, avec la complicité d'une société qui en bénéficiait, a appris l'AFP de source judiciaire.

Michel Poce, ex-secrétaire CGT du CE, est renvoyé devant le tribunal correctionnel en vertu d'une ordonnance rendue début février par un juge d'instruction de Valenciennes, dont nos confrères de l'AFP a pris connaissance.

Il lui est reproché d'avoir mis en place un "système de détournement des fonds alloués au comité d'entreprise", entre 2007 et 2010, avec la complicité de la société "Acofi 92 Sefico 92", spécialisée dans le conseil en gestion comptable, qu'il employait comme intermédiaire avec un expert-comptable.

Cette société et son dirigeant sont renvoyés pour "complicité" et "recel", une seconde dirigeante l'étant uniquement pour "recel".

Honoraires exorbitants

L'enquête avait débuté en 2012 avec la plainte d'un membre du CE, après un contrôle URSAFF ayant révélé d'importantes anomalies.

Le plaignant alertait notamment sur les honoraires exorbitants facturés par la société de conseil au CE, alors que ce dernier n'avait jamais été informé de l'existence de ce prestataire, et sur de nombreuses dépenses et remboursement de frais suspects.


Une expertise mandatée par la justice a confirmé des anomalies "criantes", incluant notamment des frais de déplacement, de carburant ou de restauration injustifiés et disproportionnés, sans lien avec les activités du CE et dont les bénéficiaires n'étaient pas clairement identifiés.

L'expertise recense au total plus d'un million d'euros de dépenses "pour lesquelles les justifications apportées prêtent à interrogation".

Comptabilité "volontairement opaque"

Pour la justice, ces irrégularités pourraient avoir été "dissimulées" par le système de comptabilité organisé de manière "volontairement opaque" par la société de conseil, de nombreuses dépenses de fonctionnement étant illégalement mêlées à celles liées aux oeuvres sociales.

Le CE de Bombardier représentait plus de 80% du chiffre d'affaires du prestataire. Les facturations avaient été multipliées par dix depuis 1995 pour atteindre 265.000 euros par an, avec un taux horaire de 147 euros.

Devant le juge, Michel Poce a reconnu l'existence d'abus mais considéré qu'il avait seulement poursuivi un système préexistant. Le dirigeant "d'Acofi 92 Sefico 92" a lui réfuté toute responsabilité, estimant qu'il avait procédé au contrôle comptable de pièces fournies par le CE, mais n'était pas tenu de vérifier leur fiabilité.

M.L. avec AFP