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"Le handicap ne se limite pas à une chaise roulante": un para-athlète verbalisé dans un TGV pour s'être assis à une place PMR

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Axel Alletru, un athlète handisport professionnel, affirme s'être fait verbaliser pour s'être assis à une place réservée aux handicapés dans un TGV. Pourtant, lui-même est touché par une paraplégie incomplète.

Les amendes dans les transports en commun continuent de créer des polémiques. Cette fois, c'est dans un TGV reliant la gare de Lille Flandres à Paris qu'Axel Alletru,s'est vu infliger une contravention pour un motif qu'il dénonce vivement sur les réseaux sociaux.

Selon une série de publications postées par l'intéressé sur Instagram ce lundi 13 janvier, il a ainsi été contrôlé lors d'un trajet effectué alors qu'il s'était assis sur une place réservée aux personnes à mobilité réduite.

Se croyant dans son bon droit, lui-même étant paraplégique incomplet avec une incapacité de 80% dans ses jambes, Axel Alletru a néanmoins reçu une contravention de 149 euros, comme en atteste la photo de l'avis de verbalisation qui lui a été donné par la contrôleuse de la SNCF. Son tort? Ne pas s'être équipé ce jour-là de son fauteuil roulant.

"Une amende pour être... pas assez handicapé?", pointe-t-il sur Instagram.

Le ticket de la contravention de 149 euros émis à l'encontre d'Axel Alletru.
Le ticket de la contravention de 149 euros émis à l'encontre d'Axel Alletru. © Axel Alletru / Instagram

"Toutes les places étaient libres"

Auprès de BFM Grand Lille, Axel Alletru raconte s'être assis sur cette place car le siège qui lui était initialement attribué, réservé par une tierce personne au moment de l'achat du billet, était situé à l'étage du train.

"J'ai regardé s'il n'y avait pas de personnes en situation de handicap qui étaient présentes dans le wagon. Toutes les places fauteuils étaient libres, je me suis donc permis de m'asseoir sur ce fauteuil (...) car je ne pouvais pas rester debout, ni monter à l'étage", avance Axel Alletru.

Face à l'agent chargé du contrôle, le Nordiste explique la situation en précisant qu'il porte des attèlles, et que "normalement" il a un fauteuil roulant. Sauf cette fois, puisqu'il descendait justement à Paris pour aller en récupérer un nouveau.

Et si, selon Axel Alletru, l'échange avec la contrôleuse "était assez cordial", ce dernier n'a pas souhaité effectuer les démarches pour vérifier si le para-athlète était d'habitude catégorisé en tant que voyageur PMR avec fauteuil roulant, et bénéficiant du service Accès Plus de la SNCF dédié aux personnes porteuses de handicap.

"Une réalité mal perçue"

"Pourtant, perdre 80% de mes capacités dans les jambes, ça ne disparaît pas simplement parce que je suis debout ou en béquilles. Bien au contraire: sans mon fauteuil, mes jambes doivent compenser encore davantage, ce qui demande un effort colossal au quotidien", déplore dans son post sur les réseaux sociaux Axel Alletru.

L'ancien vainqueur du Rallye Dakar 2020, en catégorie SSV standard (des buggys bridés à une vitesse maximale d'environ 120 km/h), ne s'est donc pas empêché de dénoncer dans ses publications sur le réseau social Instagram.

Aux yeux du pilote nordiste, qui dit s'être senti "humilié" par la tenue de ce contrôle, "ce genre de situation montre à quel point il est urgent de comprendre que le handicap ne se limite pas à une chaise roulante", car "ce n'est pas un objet qui fait le handicap, mais une réalité physique et invisible parfois mal perçue".

"Je partage cela pour interpeller et faire évoluer les mentalités: arrêtons de réduire le handicap à des clichés ou des règles absurdes", écrivait enfin Axel Alletru au sortir de sa mésaventure.

Une enquête interne lancée par la SNCF

Sollicitée par BFM Grand Lille, la SNCF n’a dans un premier temps pas répondu "faute de temps". Mais par la voix de sa directrice de l'accessibilité, la compagnie a finalement précisé auprès de BFMTV que le problème était tarifaire.

"Un des faits générateurs, c'est qu'il n'avait pas le bon billet. Il voyageait en première classe, avec un billet de seconde classe. C'est cette verbalisation qui a été faite", explique Laëtitia Monrond. Dans les TGV, les sièges réservés aux PMR se trouvent exclusivement en première classe.

Pour les personnes à mobilité réduite, malvoyantes ou en situation de handicap, il est de plus nécessaire de réserver une place "prioritaire" ou "accès facile" avant le voyage. Une chose qui n'avait pu être réalisée dans le cas d'Axel Alletru, puisque le billet avait été réservé par une tierce personne.

Face à la situation, la SNCF indique toutefois qu'une enquête interne a été ouverte, et que la contrôleuse à l'origine de la verbalisation va être entendue par sa direction.

Alexis Lalemant, avec Aurélie Chialvo