L'université de Lille annule la conférence de Florence Bergeaud-Blackler, Xavier Bertrand propose de l'accueillir à la région

Le doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de l'université de Lille a annulé la conférence de l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. Cette dernière a fait part de sa colère.

"Je vous poursuivrai en justice." La conférence de l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler sur "le frérisme et ses réseaux", prévue le 5 mars prochain à l'Université de Lille a été annulée par l'université. Pour la chercheuse au CNRS et auteure de "Le Frérisme et ses réseaux, l'enquête", cette décision a été motivée par le militantisme du syndicat de gauche Union étudiante.

Des "méthodes de terreur"

Dans une publication sur son compte X (anciennement Twitter), elle dénonce une "affiche infamante" du syndicat, qui représente son visage avec une phrase "contre l'extrême droite, riposte immédiate, contre les conférences racistes à l'université". "Je vous poursuivrai en justice", écrit-elle, à l'intention du syndicat étudiant.

Florence Bergeaud-Blackler s'insurge de la situation: "Je déplore que l'Université de Lille cède devant ces méthodes de terreur, ne puisse pas accueillir ma conférence et organiser un débat académique. Le frérisme et les méthodes de Frères musulmans doivent être connus de tous".

Dans son post Instagram, le syndicat l'Union étudiante avait dénoncé l'organisation de deux conférences par l'organisation syndicale marquée à droite l'UNI. Une sur l'harmonisation fiscale et donc celle sur "le frérisme" avec Florent Bergeaud-Blackler.

"Ces conférences s'intègrent à leur agenda politique raciste islamophobe et néo-libéral. L'UNI n'étant pas agréé par l'université, nous réclamons l'annulation de toutes leurs conférences," avait attaqué le syndicat de gauche.

"J'en veux à l'université de ne pas me défendre"

Dans une autre publication, Florence Bergeaud-Blackler indique que cette décision d'interdire sa conférence a été prise compte tenu "de l'ampleur du trouble à l'ordre public".

"J’ai le regret de vous informer que votre demande ne peut prospérer compte tenu de l’ampleur du trouble à l’ordre public que la conférence envisagée ne manquera pas de susciter au sein du campus Moulins, eu égard au contexte extrêmement conflictuel existant entre l’invitée et les membres d’une unité établie au sein dudit campus", écrit Aymeric Potteau, le doyen de la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales à l’UNI, dans un mail consulté par nos confrères du Figaro.

Contactée par BFM Grand Lille, l'Université n'a pas souhaité réagir pour le moment. Mais selon l'anthropologue, cette décision a été prise sans qu'elle ne soit consultée.

"J’ai été prévenue par les étudiants qui m’avaient invitée. J’en veux à l’université de ne pas me défendre, pas tant aux étudiants qui refusent que je vienne", déclare-t-elle au Figaro.

Sur son compte X (anciennement Twitter), elle accuse l'université d'avoir cédé devant des "étudiants d'ultra-gauche préférant sacrifier la recherche et l'enseignement" et promet que cette conférence aura lieu.

Après la publication de son livre "Le frérisme et ses réseaux, l'enquête" en 2023, Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue au CNRS, avait indiqué vivre sous protection policière, en raison de menaces de mort à son encontre. Ce n'est pas la première fois qu'elle voit l'une de ses conférences être annulées.

Des soutiens politiques

Le président de la région des Hauts-de-France n'a pas manqué de réagir à cette annulation. Sur ses réseaux sociaux, Xavier Bertrand a même proposé d'accueillir la conférence.

"Encore une fois, une conférence de Florence Bergeaud-Blackler ne peut se tenir suite aux menaces de l’extrême gauche. Les annulations successives des conférences d’une chercheuse du CNRS devraient tous nous alerter. Nous sommes prêts à accueillir Florence Bergeaud-Blackler à Lille pour une conférence au siège de la région", indique-t-il.

"Les étudiants ont accepté notre proposition. Nous sommes en train de régler certaines modalités. Xavier Bertrand devrait participer à la conférence", mentionne le cabinet du président de la région des Hauts-de-France au Figaro.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a salué la décision de Xavier Bertrand d'accueillir la conférence de l'anthropologue dans les locaux de la région: "Bravo Xavier Bertrand, ne rien laisser passer".

Solenne Bertrand