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"Je vivais au ralenti": des personnes victimes de vol sous hypnose dans le Nord

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Une trentaine de personnes ont été volées après avoir été hypnotisées par un individu. Un préjudice difficile à faire reconnaître auprès des autorités.

C'est un type de larcin inattendu qui a frappé le Nord ces derniers mois. Plusieurs personnes racontent avoir été volées par un homme après avoir été hypnotisé.

"Je vivais au ralenti"

Sonia, une résidente de Tourcoing, a été victime de l'un de ces vols sous hypnose. En novembre dernier, la femme âgée de 60 ans est abordée dans la rue par un homme qu'elle ne connaît pas. Pourtant, elle affirme que l'individu est parvenu à lui faire part de récits intimes de sa vie.

"Il sortait des histoires de ma vie que personne ne connaissait. C'est pour ça que je suis restée, sinon je ne serais peut-être pas restée", explique-t-elle auprès de BFMTV.

Perturbée par les propos troublants de l'homme, Sonia se laisse aborder. L'individu lui glisse ensuite une pierre noire dans le creux de la main et parvient à l'hypnotiser.

"Je ne sais pas ce qu'il a fait mais sans m'en rendre compte, je suis partie jusque chez moi, j'ai été prendre mes bijoux, j'ai été retirer de l'argent qu'il m'avait demandé et je l'ai rapporté. Je vivais au ralenti. C'est le lendemain, en me réveillant, que je me suis rendue compte de cette histoire", raconte la sexagénaire.

Un vol difficilement reconnaissable par les autorités

Sonia n'est toutefois pas une victime isolée. Comme elle, plus d'une trentaine de personnes racontent avoir été volées de la même manière. La mère de Yasmina a elle aussi subi un vol sous hypnose. Cette dernière a alors décidé depuis deux ans, de recueillir les témoignages de personnes qui ont connu une histoire similaire à celle de sa mère.

"Ces femmes aujourd'hui, elles sont honteuses. J'ai encore rencontré des victimes en début de semaine qui me disaient: 'ça m'est arrivé', mais elles n'ont pas osé en parler. Ni les enfants, ni les maris ne sont au courant", souligne Yasmina à BFMTV.

Elle a alors décidé de prendre les choses en main et a écrit une lettre au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour l'alerter sur le développement de ce phénomène. D'autant plus, que ce type d'exaction est aujourd'hui peu reconnu par les forces de l'ordre. La notion de vol "par ruse" est pourtant prévue par l'article 311-5 du code pénal. Elle est punie de sept ans d'emprisonnement et de 100.00 euros d'amende. Mais dans le cas de l'hypnose, l'acte de vol est difficile à établir.

"On vous demande quelque chose, vous le remettez de votre plein gré, il n'y a pas de soustraction frauduleuse, donc les victimes, on ne les croyait pas (...) Or, c'est bien le cas, et ça existe", soutient l'avocate d'une trentaine de plaignantes, Nora Missaoui-Lefebvre au micro de BFMTV.

Pour les personnes victimes de ces vols, le préjudice est financier mais également psychologique. Beaucoup d'entre elles disent avoir subi un traumatisme après cette expérience.

Constance Bostoen avec Gauthier Hartmann