"Je n'ai pas à me soumettre": l'homme de la mouvance des "citoyens souverains" condamné à cinq mois de prison avec sursis

Apparue dans les années 1970 aux Etats-Unis, la mouvance des "citoyens souverains" s'est exportée en France jusqu'à conduire début avril à l'arrestation d'un homme refusant de se soumettre à un contrôle de gendarmerie - FRED TANNEAU © 2019 AFP
Pierre L. a été condamné ce mardi 1er avril par le tribunal correctionnel de Dunkerque (Nord) à cinq mois de prison avec sursis, à une peine d'inéligibilité de cinq ans et à payer 500 euros de dommages et intérêts.
Il était jugé pour "violence sur un militaire de la gendarmerie", "refus de se soumettre à un contrôle routier (alcool, stup, contrôle véhicule)" et "défaut d’assurance". Il avait refusé un contrôle de gendarmerie il y a un an, jour pour jour à Esquelbecq.
"Je n'ai pas à me soumettre à qui que ce soit", avait-t-il lancé au début de l'audience.
L'homme qui partage les croyances de la mouvance complotiste des "citoyens souverains", estime qu'il n'est pas soumis aux lois de l'État français car il n'y aurait pas consenti. C'est sur la base d'un tel raisonnement qu'il répétait avec sa compagne dans une vidéo devenue virale lors du contrôle de gendarmerie qu'il "ne contracte pas".
Dans le prétoire, le quinquagénaire a tenté de décrédibiliser les magistrats face à lui dans une ambiance surréaliste. "Si la procureure reste là, ça veut dire qu'il n'y a pas de séparation des pouvoirs (...) donc plus de Constitution, donc je vous récuse", a-t-il déclaré.
"Je n'ai pas à me soumettre à qui que ce soit"
Il a lancé à la juge: "Je n'ai pas à me soumettre à qui que ce soit", "même pas à vous". La magistrate ne l'a pas laissé dérouler sa rhétorique et lui a répondu qu'il vivait "parmi les citoyens français", et donc qu'il devait se "soumettre aux mêmes règles que les autres".
La procureure a rappelé que Pierre L. avait refusé le contrôle des gendarmes et "prétexté que la France était une entreprise dont les lois n'auraient qu'une valeur de 'règlements intérieurs' dont il ne relèverait pas". À la barre ce mardi, l'homme a maintenu ses convictions. Le parquet avait requis une peine de dix mois de prison intégralement assortie d'un sursis simple et 135 euros d'amende.
"Le code de la route n'existe pas, il est caduc", a-t-il encore prétendu.
Alors qu'il encourait jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende, il n'a pas sollicité d'avocat pour sa défense