Intrusion à la centrale de Gravelines: des peines de prison avec sursis requises contre les militants de Greenpeace

Des militants de Greenpeace interpellés par les forces de l'ordre à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) le 28 octobre 2024 - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP
Le parquet de Dunkerque (Nord) a requis ce lundi 23 juin des peines de trois à six mois de prison avec sursis à l'encontre de douze militants de Greenpeace qui s'étaient introduits dans le périmètre de la centrale nucléaire de Gravelines en octobre. Le jugement sera rendu le 3 septembre.
Un "dommage important" pour EDF
Le 28 octobre 2024, des militants de l'ONG environnementale s'étaient engagés à bord de deux zodiacs sur le canal de rejet de la centrale avec des banderoles, des cerfs-volants en forme de méduse et des fumigènes bleus pour alerter sur le risque de submersion marine auquel cette centrale est exposé selon eux, alors qu'elle doit accueillir deux futurs réacteurs EPR.
"On ne peut pas, parce qu'on estime porter une cause noble, demander des dérogations quand il s'agit d'un délit commis dans une zone extrêmement sécurisée", a estimé la procureure de Dunkerque dans son réquisitoire.
Elle a également évoqué un "dommage important" pour EDF, l'exploitant de la centrale, l'action de Greenpeace ayant immobilisé "pendant 2H30 toute une communauté de travail".
La procureure a aussi demandé pour les prévenus des amendes de 1.000 euros chacun, dont la moitié avec sursis, et trois ans d'interdiction à paraître dans la commune de Gravelines. En revanche elle n'a pas requis de peine à l'encontre de Greenpeace France, qui comparaissait en tant que personne morale.
De son côté, EDF, partie civile au procès, a exigé 890.000 euros de dommages-intérêts.
Une action "symbolique" et "non violente", d'après Greenpeace
A l'audience, les douze prévenus ont fait valoir leur "droit à l'exercice de la liberté d'expression".
"Nous étions légitimes à le faire, d'autant que notre action était symbolique, documentée et non violente", a déclaré à l'AFP l'une des prévenus, Françoise Prevot, 59 ans, exploitante agricole.
"Greenpeace n'a cessé d'agir avant de mener cette action, EDF n'a pas voulu entendre", a plaidé l'avocate des 12 militants et de Greenpeace France, Me Marie Dosé.
Me Benjamin Grundler, l'avocat d'EDF, a lui dénoncé "une utilisation dévoyée de la liberté d'expression" et notamment pointé "les risques d'intrusion malveillante sur un des sites les plus sensibles d'Europe".
En 2022, des militants de Greenpeace avaient pénétré sur le chantier de l'EPR de Flamanville (Manche). Deux ans plus tard, l'ONG avait été condamnée à 80.000 euros d'amende pour cette intrusion, et sept de ses militants à des amendes allant de 500 à 800 euros.