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"Il y a un mal-être": des pompiers du Nord racontent leur ras-le-bol, après des agressions à répétition

Les soldats du feu déplorent une augmentation des faits de violence à leur encontre ces derniers mois. Certains ont développé une forme de mal-être et réflechissent à quitter la profession.

"On représente l'État donc on est pris pour cible pour ça principalement." Dans le Nord comme dans d'autres départements, les pompiers s'estiment de plus en plus souvent victimes d'agressions. Depuis le début de l'année, 92 agressions ont été recensées dans le département. Une réunion est prévue ce jeudi à Lille pour évoquer cette situation.

Sur le terrain, certains de ces pompiers ont développé une forme de ras-le-bol. C'est le cas de ce pompier qui témoigne anonymement au micro de BFM Grand Lille. Le 17 mars dernier, lui et ses collègues sont pris pour cible en intervention devant la mairie de Roubaix. Coups de tête, coups de poings... un attroupement se forme autour d'eux. Les insultent fusent.

"Ce jour-là, on était en ambulance. On était que trois. Autour de nous, il y avait une quinzaine d'individus, plus la personne qu'on maîtrisait au sol", témoigne-t-il.

"Ils nous confondent avec la police"

La police, "mobilisée sur une autre intervention", n'a pas pu intervenir, complète un de ses collègues. "Il n'y a rien qui existe pour nous. À chaque fois, c'est les pompiers qu'on envoie en première ligne. C'est tout le temps comme ça."

Dans ces moments-là, "les minutes nous paraissent longues. On s'imagine beaucoup de choses", reprend le premier pompier. "Il y a des conséquences derrière sur la vie privée, sur le sommeil. On se pose beaucoup de questions. Est-ce que demain je remonte dans l'ambulance? Est-ce que je vais être sécurisé? Est-ce que ça va encore m'arriver?", se désole-t-il. "Il y a un mal-être. On n'est pas là pour ça", résume l'un de ces pompiers.

Comment expliquer ces agressions? "Ils nous confondent malheureusement avec la police", également ciblée par des attaques ces dernières semaines, souligne le pompier. Il y a cet amalgame de tenue."

Pour certains, la fierté de porter l'uniforme a peu à peu laissé place à l'usure morale et physique. Le tout dans un contexte crise sanitaire et de manque d'effectifs. À Roubaix, 15 pompiers du centre de secours ont demandé à quitter la caserne.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions