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Hôtel de luxe et "bain à bulles": les pratiques du président de la métropole de Lille face à la justice

Le président de la Métropole européenne de Lille, Damien Castelain, le 18 avril 2014 à Lille

Le président de la Métropole européenne de Lille, Damien Castelain, le 18 avril 2014 à Lille - PHILIPPE HUGUEN © 2019 AFP

Damien Castelain est jugé à partir de ce lundi 12 février pour recels d'abus de confiance en marge de la construction du stade Pierre Mauroy de Lille et pour détournement de fonds public.

Nuitées dans un hôtel de luxe, pierres haut de gamme pour sa terrasse personnelle, embauche d'une proche par la collectivité: le tribunal correctionnel a commencé ce lundi 12 février à disséquer les pratiques du président DVD de la Métropole de Lille (Mel), Damien Castelain.

La présidente du tribunal rappelle d'emblée que l'élu de 56 ans, jugé pour détournement de fonds publics, prise illégal d'intérêt, recel et favoritisme, préside depuis 2014 l'une des plus grandes métropoles de France, au budget annuel d'environ 2 milliards d'euros.

Un "problème de méthode"

Lui sont notamment reprochés la prise en charge par la collectivité de nuits dans un hôtel cinq étoiles près du Parc des Princes à Paris, de repas avec sa compagne, d'un costume à 1.500 euros ou d'un parfum Hermès, ainsi que l'usage d'un véhicule pour ses déplacements personnels.

Les montants en jeu sont "ridicules", "même pas 100 euros" pour un repas pour deux personnes au restaurant, minimise Damien Castelain.

Il reconnait toutefois un "problème de méthode", notamment dans l'usage d'une carte bancaire de la Mel et rappelle qu'il a remboursé quelque 20.000 euros de dépenses prises en charge par la régie de son cabinet.

Certaines de ces dépenses rentraient dans ses frais de représentation, argue-t-il, tandis que d'autres étaient destinées à faire des cadeaux.

"J'ai remboursé"

"Les deniers publics peuvent servir à vous prélasser dans un bain à bulles?", s'étonne la procureure, faisant référence aux soins dans des spas réglés par la Mel.

"Cela pose problème et j'ai remboursé", répond Damien Castelain.

Le président de la Mel est aussi interrogé sur les quelque 22.000 euros de frais d'avocat pris en charge par la Mel pour sa défense dans l'affaire du Grand Stade, dans laquelle six personnes, dont lui, avaient été mises en examen pour divers faits de corruption, favoritisme ou encore trafic d'influence, avant un non-lieu.

Si sa protection fonctionnelle n'est pas en cause, le tribunal lui reproche de ne pas avoir fait voter cette décision par le conseil métropolitain, comme la procédure le prévoit, mais de l'avoir fait valider par son vice-président.

L'accusation l'accuse de s'être "auto-arrogé un pouvoir" pour une décision qui le concernait et d'avoir ainsi éludé le débat politique.

17.000 euros de pierres bleues

Damien Castelain devra par ailleurs répondre ce mardi 13 février des conditions d'embauche d'une conseillère presse recrutée sans respecter les règles des marchés publics.

Elle est d'ailleurs assise elle aussi sur le banc des prévenus, poursuivie pour recel, tandis que l'ancien directeur général des services de la Mel, Bruno Cassette, aujourd'hui sous-préfet d'Aix-en-Provence, est jugé pour complicité de prise illégale d'intérêts et atteinte à la liberté d'accès aux marchés publics.

Mercredi 14 février, Damien Castelain devrait être interrogé sur les 17.000 euros de pierres bleues, un matériau de qualité dont il a bénéficié pour une terrasse personnelle en marge de la construction par Eiffage du Grand Stade de Lille, alors qu'il était vice-président de la métropole.

À une suspension d'audience, l'intéressé affiche sa sérénité pour son avenir politique: si la décision lui était défavorable, il ferait appel et compte bien finir son mandat.

L'élection en 2014 de ce maire divers droite d'une petite commune avait marqué la fin de la domination du Parti socialiste, qui était aux commandes de la communauté urbaine depuis 1967.

Damien Castelain avait été propulsé au poste de président après un accord de programme avec Martine Aubry, présidente sortante, qui avait ainsi empêché l'UMP de s'emparer de la collectivité.

S. B. avec AFP