"Des victimes collatérales": la colère des salariés de l'usine Buitoni à Caudry face à l'arrêt de la production

Ils pensaient le plus difficile derrière eux. Les salariés de l’usine Buitoni de Caudry se sont rassemblés mardi devant les grilles du site nordiste, après l’annonce de la mise à l’arrêt pour au moins un mois de la production. Ces derniers se battent pour la sauvegarde de leur emploi et n’entendent pas baisser les bras.
Un avenir incertain
La mise à l’arrêt de la chaîne de production a été prise vendredi dernier par Nestlé, maison mère de la marque Buitoni. Le groupe enregistre une baisse importante de ses volumes de ventes en magasin depuis le scandale sanitaire.
Aujourd’hui temporaire, la fermeture du site de Caudry, où était produite jusqu’à mars 2022 la gamme incriminée de pizzas surgelées Fraich’Up, pourrait devenir définitive. Des informations sur l'avenir de l'usine sont attendues à la fin du mois.
Sur le site nordiste, la nouvelle est un nouveau coup de massue pour les salariés. "Aujourd’hui, nous sommes des victimes collatérales de ce scandale", souffle Didier, l'un des salariés, à BFM Grand Lille. Le salarié était présent au rassemblement, hier.
"C’est très important pour montrer notre mécontentement, montrer aussi notre soutien aux familles des victimes, on pense fortement aux familles et aux victimes", insiste Didier.
"On s'est battu pendant une année"
Mégane, elle, craint de perdre son emploi. "Je n’ai pas envie que mon usine ferme, souffle-t-elle. Je suis mère de deux enfants et je suis toute seule." "On s’est battu pendant une année pour sauver notre usine", rappelle-t-elle.
En 2022, les pizzas Fraîch’Up ont fait l’objet d’un retrait-rappel le 18 mars à la suite de contaminations graves à la bactérie Escherichia coli. En parallèle, une formation judiciaire pour "homicide involontaire" et "blessures involontaires" a été ouverte le 12 mai.
"Nos produits sont nickels"
A Caudry, les salariés ont cessé leur activité dès le 18 mars, l'entreprise ayant été fermée. Le 1er avril, un arrêté préfectoral a interdit la production en raison "d’anomalies graves". En décembre dernier, neuf mois après le scandale sanitaire, l'activité a partiellement repris à Caudry.
“Nos produits sont nickels depuis février, affirme amer Stéphane Derammelaere, délégué force ouvrière et agent de fabrication. Ils sont bien au-delà de la législation française. Et on ne va même pas les retrouver sur le marché et la distribution, on ne comprend pas.”
Invité sur BFM Grand Lille ce lundi, Frédéric Bricout, le maire de Caudry, a appelé à une manifestation de soutien aux 180 salariés de l’usine, le 13 mars prochain.
Implanté depuis une cinquantaine d'années à Caudry, Buitoni est le deuxième employeur le plus important de la commune d’environ 15.000 habitants. Le maire rappelle que sa fermeture constituerait une "réelle catastrophe".