"Comment peut-on continuer des rituels alcoolisés?": le combat du père de Simon, mort après une soirée d'intégration à Lille

Le 9 juillet dernier, Simon, un étudiant en médecine de 20 ans, a perdu la vie après avoir participé à une soirée d'intégration à Lille. Fortement alcoolisé, il a cherché à récupérer son téléphone tombé sur une voie de l'autoroute A27, à hauteur de Sainghin-en-Mélantois (Nord) quand il a été percuté par un camion. Un véritable drame pour ses proches.
"Là vous tombez sur un drame auquel vous ne vous attendez pas. Vous avez la police qui vient à 3h du matin vous annoncer ce drame. Vous n'y croyez pas ou vous prenez un uppercut dans la figure, vous êtes complètement assommé", témoigne son père Daniel à l'antenne de BFM Grand Lille.
Pourtant rentré jusque chez lui en taxi, le jeune homme est reparti à pied en direction de l'autoroute. Alors que la thèse du suicide avait été envisagée un temps, elle a finalement été écartée, au profit de l'accident.
Une pétition a récolté 12.000 signatures
Depuis, son père mène un combat pour que ce genre de soirées étudiantes soient mieux encadrées. Dans un post Facebook le 6 août dernier, écrit sous forme de lettre à son fils, il regrettait que ce type de soirées soit "un passage obligé". "Malheureusement c’est la procédure et c’est une tradition qui perdure", écrivait-il. Lors de sa soirée d'intégration, son fils a consommé beaucoup d'alcool.
"Il y a eu des rituels alcoolisés. On a appris qu'il a bu, 9 grosses doses de seringues alcoolisées, directement dans la bouche. Comment peut-on continuer des rituels alcoolisés, à mettre de l'alcool dans les bouches des étudiants encore aujourd’hui en 2021?", demande le père de Simon.
Dans sa lettre ouverte à son fil, Daniel évoque aussi l'hypothèse d'un "défi" au cours de cette soirée. "Y aurait-il eu comme un défit ou un concours du type 'le plus beau selfie au dessus d’un pont?'. Nous avons eu la confirmation que le selfie a bien été réalisé, alors que tu n’en faisais jamais habituellement", souligne-t-il. Le jeune homme aurait ensuite fait tomber son téléphone et voulu le récupéré, mais n'aurait pas été "en mesure d'apprécier la vitesse du camion" selon son père.
Afin d'éviter des drames similaires et d'épargner des souffrances à d'autres familles, Daniel a lancé une pétition "Stop bizutage" qui a récolté 12.000 signatures en quelques jours.
"On n'a pas un esprit de vengeance"
Le père de Simon souhaite également que les organisateurs de ces événements remplissent une charte de bonne conduite, "4 pages à remplir" qui constitueraient une sorte de liste de choses à faire pour que la soirée soit sécurisée. Ainsi les organisateurs ne pourraient plus dire "je ne savais pas" ou "faire n'importe quoi sous prétexte que c'est une fête", insiste le père de Simon.
"On n'a pas un esprit de vengeance parce que la vengeance ça n'amène nulle part mais au moins, le message c'est vraiment de leur dire: respectez les règles sinon ça va être encore une nouvelle catastrophe qui va arriver", explique Daniel à BFM Grand Lille.
Dans l'espoir que la mort de son fils entraîne une prise de conscience, Daniel a interpellé les universités mais aussi la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal. Avec le soutien de parlementaires locaux, il espère parvenir à faire durcir les lois existantes.