Comment les enquêteurs français, belges et néerlandais sont parvenus à élucider un meurtre, deux ans après

Un gendarme (illustration) - DENIS CHARLET / AFP
Une opération de coopération judiciaire entre la France, la Belgique et les Pays-Bas a permis de faire la lumière sur le meurtre d'une femme originaire du Nord, indique ce lundi le procureur de la République de Dunkerque dans un communiqué.
Le 22 juin 2019, le corps d'une femme avait été retrouvé à Westdorpe, aux Pays-Bas, dans un champ à proximité du canal faisant office de frontière avec la Belgique. La victime était "nue, allongée dans l'herbe, les genoux meurtris, tuée par arme à feu d'une balle à l'arrière de la tête", indique le procureur.
Les autorités néerlandaises avaient alors lancé un appel à témoins pour identifier la victime, sans succès. Le parquet de Bréda avait également ouvert une information judiciaire, et le corps de la femme avait été enterré en fin d'année aux Pays-Bas.
La double vie d'un habitant d'Hoymille
L'enquête connaît un nouveau rebond en 2020, lorsque les gendarmes du Nord interviennent chez Michel Hamilière, un septuagénaire mort de causes naturelles à son domicile de Hoymille.
La famille du défunt indique aux gendarmes que Michel Hamilière habitait seul depuis que son épouse, Jocelyne Hamilière, l'avait quitté. Celle-ci avait découvert qu'il menait une double-vie et avait même un enfant avec une autre femme. Les membres de la famille expliquent qu'aucun d'entre eux n'a essayé de prendre contact avec Jocelyne Hamilière, pensant tous qu'elle était partie de son plein-gré.
L'enquête des gendarmes ne permet toutefois pas de trouver la nouvelle adresse de Jocelyne Hamilière. Lors d'une perquisition au domicile du couple, les gendarmes découvrent même ses papiers d'identité, ce qui vient "contrecarrer l'hypothèse d'un départ spontané".
Les gendarmes découvrent également au domicile du couple un fusil avec deux cartouches manquantes.
L'enquête révèle que le couple Hamilière était endetté, la situation financière commençant à s'améliorer à partir de juillet 2019, après la vente des biens du couple et seulement quelques jours après le supposé départ de Jocelyne Hamilière.
L'analyse des déplacements du mari, effectuée grâce à son téléphone, poussent les autorités françaises à demander l'aide des autorités belges.
L'ADN correspond à celui du mari
Une coopération qui permet en août 2021 d'établir que le corps retrouvé aux Pays-Bas deux ans plus tôt est bien celui de Jocelyne Hamilière. Les images de vidéo-surveillance montrent d'ailleurs que le véhicule du mari était stationné sur les lieux, à 1h30 de leur domicile de Hoymille, quelques heures avant la découverte du corps.
Une information judiciaire s'ouvre en 2021 pour le chef "d'assassinat contre X", concernant des faits pouvant s'être passés en France, en Belgique ou aux Pays-Bas. Car l'absence de traces de sang sur les lieux de la découverte du corps laisse penser que la victime a été déposée là après avoir été tuée.
Les services d'enquêtes néerlandais, le parquet de Dunkerque, la section de recherche de Lille et la brigade de recherche Dunkerque-Hoymille se réunissent en octobre 2021 à Bréda, aux Pays-Bas, en présence du procureur local, pour une réunion d'enquête.
Toutes les informations mises en commun permettent d'établir que la balle ayant servi au meurtre est un calibre identique au fusil retrouvé au domicile du couple. Par ailleurs, l'ADN retrouvé sur les cordes et les chevilles de la victime correspond à celui de Michel Hamilière.
Le procureur de la république de Dunkerque déclare ce lundi que chaque élément partagé entre les autorités françaises et néerlandaises permet de "confirmer la thèse de l'homicide".