"C'est difficile à réaliser": Béatrice, amie du professeur tué à Arras témoigne

Elle est "anéantie, bouleversée, effondrée". Béatrice, une amie de Dominique Bernard et de son épouse, témoigne au lendemain l'attaque au lycée Gambetta, dans laquelle l'enseignant a été tué.
Depuis plus de 25 ans, elle travaille pour le couple et le voyait régulièrement avant qu'il ne parte en cours. Plus que son employeur, "c'est vraiment un réel ami", lâche-t-elle la voix saisie par l'émotion.
Et de poursuivre: "Quelqu'un sur qui on peut compter, quelqu'un de très gentil, très honnête, très respectueux, respectable, qui est à l'écoute de tout le monde, qui sait vous écouter, qui vous regarder tel que vous êtes, avec aucun jugement, aucun préjugé. Quelqu'un de très bien."
Un homme " très droit, très juste, très carré"
Béatrice le décrit comme un homme "très droit, très juste, très carré", ne portant "aucun jugement sur personne". "C'est quelqu'un avec qui on pouvait dialoguer de tout et de rien", explique-t-elle. "Même si vous n'aviez pas les mêmes points de vue que lui, parfois, on est différents, et bien, il acceptait, il écoutait et ne disait rien."
L'amie de l'enseignant insiste sur la passion qu'il avait pour son travail: "Il aimait ce qu'il faisait." "Je l'ai toujours connu dans ses livres, dans ses copies. Toujours en train de me parler de son boulot, de ses élèves, mais avec beaucoup de fierté", poursuit-elle.
"Même si ses élèves n'étaient pas toujours de niveau exceptionnel, il adorait ça. il parlait beaucoup qu'il avait des étrangers qui arrivaient dans ses classes, mais il ne faisait aucune différence", affirme Béatrice.
"Il était tellement cultivé, mais c'était toujours très intéressant d'écouter ce qu'il pouvait nous apprendre. C'était une façon d'apprendre avec lui. Il m'apprenait plein de choses", ajoute-t-elle.
"J'ai beaucoup beaucoup de colère intérieure"
Cette perte, c'est un immense coup dur pour Béatrice. "Ça ne devait pas être lui, alors était-il là au mauvais endroit? Il est tellement gentil. Je pense qu'il a voulu défendre son collègue, l'autre personne qui était dans la cour et peut-être préserver tous ses élèves qui étaient en cours, en classe. Je pense qu'il a fait son devoir."
"Je ne m'imagine pas ne plus jamais le voir", s'étouffe-t-elle. "Ne plus jamais dialoguer avec lui et surtout ne plus jamais prendre un petit thé et parfois avoir des fous rires ensemble."
"J'ai beaucoup beaucoup de colère intérieure et je pense qu'un jour elle va sortir, c'est sûr", conclut-elle.
Dans la commune où il vivait, à Berneville, le drapeau a été mis en berne à la mairie. Un livre de condoléances a par ailleurs été ouvert.