Assises de Douai: perpétuité requise contre un homme qui a battu à mort sa compagne

La balance de la Justice (illustration) - AFP
Une nuit d'horreur, aboutissement "d'un long processus de féminicide": l'avocate générale a requis vendredi la réclusion criminelle à perpétuité et une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de Sébastien Jammas, jugé à Douai, dans le Nord, pour le meurtre de sa compagne.
"C'est la première fois que je requiers cette peine", celle "que l'on prononce lorsque l'on veut durablement protéger ses pairs", a souligné l'avocate générale.
La victime Séverine L., 32 ans, avait été retrouvée gisant près de son lit gorgé de sang, le 3 janvier 2018 vers 10h30. Le visage tuméfié, elle était couverte de plus d'une centaine de plaies et ecchymoses. Selon l'enquête, elle avait été frappée pendant des heures et s'était peu à peu vidée de son sang, en raison de la multiplicité des blessures.
"Je n'ai pas voulu lui donner la mort"
L'accusé, âgé de 32 ans, est jugé depuis lundi pour meurtre, "violences habituelles" depuis 2017, et "subornation de témoin", pour avoir fait pression sur le fils de la victime, âgé de 15 ans, afin qu'il mente sur le déroulement des faits.
Il a reconnu devant la cour être l'auteur des violences mortelles. Mais "je n'ai pas voulu lui donner la mort", a-t-il martelé, contestant aussi la subornation de témoin.
"Sébastien Jammas a eu envie de tuer Séverine L. et il l'a fait", a au contraire tranché l'avocate générale. Cette nuit-là, "c'est l'aboutissement d'un long processus (...) celui du féminicide".
Alors que leur relation en pointillés, entamée en 2016, avait "repris" depuis quelques mois, "il se convainc qu'elle le trompe, à tort", a-t-elle poursuivi.
131 blessures listées par les légistes
"Il la frappe, pour la contraindre à rester", de plus en plus souvent et fort. "Je pense qu'il était convaincu qu'elle était en train de partir, que c'était insupportable", a-t-elle avancé.
"Cet homicide, il commence chez des amis", où il la frappe une première fois vers 21h30. Puis le couple rentre et les coups "déferlent, en rafale", pour certains devant le fils de la victime, avec les pieds, les poings, et des objets comme un balai, une bouteille ou un couteau, pour s'achever "vers 4 ou 5 heures du matin", a-t-elle relaté.
"Les coups se comptent par centaines", a-t-elle estimé, évoquant 131 blessures listées par les légistes.
Lorsqu'enfin les coups s'arrêtent et que Séverine L. râle et gémit dans son lit, il lui "demande de se taire", a-t-elle rappelé. Depuis les faits, Sébastien Jammas a été condamné pour des violences antérieures sur deux ex-compagnes.
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