Vaccins contre le Covid: où en sont les fabricants français?

Sanofi teste un vaccin - Eric Piermont - AFP
Après Pfizer/BioNtech, c'est au tour du laboratoire américain Moderna d'annoncer des résultats intermédiaires très encourageants pour son vaccin contre le Sars-Cov-2.
Et cocorico, la société qui utilise la même technologie que Pfizer (ModeRNA tire son nom de l'ARN) est dirigée par un Français. Après une carrière chez le français BioMérieux, Stéphane Bancel a pris la présidence de Moderna en 2011 qui n'était à l'époque qu'une start-up spécialisée, comme l'allemand BioNTech dans l'ARN messager.
Mais si les Français réussissent à l'étranger, où en est la recherche française sur le vaccin? Elle avance, mais pas aussi rapidement que celle des laboratoires américains, allemands ou britanniques.
En France, ce sont Sanofi et l'Institut Pasteur qui développent actuellement un vaccin. Le géant français, huitième plus important laboratoire du monde par le chiffre d'affaires, travaille même sur deux vaccins. C'est son entité Sanofi Pasteur (aucun rapport avec l'institut Pasteur) qui a noué des partenariats pour ses deux vaccins.
Le premier est basé comme ceux de Pfizer et de Moderna sur l'ARN messager. Développé avec Translate Bio, une société américaine qui travaille depuis 2018 avec le français, le vaccin est le moins avancé des deux. Dans un communiqué daté du 15 octobre, Translate Bio annonçait n'être qu'en phase pré-clinique mais que les résultats obtenus chez la souris et le singe étaient prometteurs dans la production d'anticorps. Alors que Pfizer et Moderna sont en fin de phase 3 (le vaccin est testé sur des dizaines de milliers de volontaires sains), Sanofi n'entamera cette étape qu'à partir d'avril 2021. Le vaccin ne serait au mieux disponible que fin 2021.
Le vaccin de Sanofi plus simple à produire et à stocker
D'ici là, le groupe français pourrait disposer d'un autre vaccin dont le développement est bien plus avancé. Il s'agit d'un vaccin plus classique dévelopé en partenariat avec le britannique GSK qui utilise la technologie des protéines du coronavirus injectés dans l'organisme pour déclencher une réponse immunitaire. Le même procédé utilisé par Sanofi pour son vaccin contre la grippe FluBlock.
"Les chercheurs introduisent un virus de la grippe dans des œufs de poule ou dans des cultures cellulaires (milieu provenant d’un tissu d’origine animale). Dans les deux cas, le virus se reproduit en boucle. Cette réplication constitue la base du principal ingrédient des vaccins antigrippaux : l’antigène", explique Sanofi. Ce mode de production reste d’ailleurs le seul moyen de fournir un volume suffisant pour répondre aux besoins mondiaux de santé publique."
La phase 3 devrait être lancée dans les jours qui viennent pour des résultats attendus début 2021. Selon Olivier Bogillot, le patron de Sanofi France interrogé sur CNews, "notre vaccin sera comme le vaccin contre la grippe, vous pouvez le mettre dans votre réfrigérateur" alors que le vaccin de Pfizer doit être stocké à très basse température (-80°C). "On n'aura pas cet écueil-là, ça va être un avantage pour certains pays", assure Olivier Bogillot qui estime que le vaccin pourrait être distribué à partir de juin 2021. Un vaccin qui offre l'avantage d'être sûr, stable et peu cher à produire même si pour le moment aucun preuve de son efficacité n'a été démontré. Il coûterait en tout cas moins de 10 euros, contre 20 euros la dose pour la vaccin de Pfizer/BioNtech.
L'entreprise serait capable d'en produire 1 milliard de dose sur l'année. Les Etats-Unis en ont déjà commandé 100 millions et l'UE 200 millions.
Un autre laboratoire est aussi très avancé sur la recherche de vaccin: l'Institut Pasteur. Le laboratoire travaille aussi sur plusieurs vaccins, mais le plus abouti (le seul qui est en phase d'essais cliniques) est celui que l'Institut développe avec le géant pharmaceutique Merck. Il s'agit d'un vaccin élaboré à partir d'un autre vaccin, celui de la rougeole, qu'on a reprogrammé afin que l'organisme produise des antigènes du coronavirus. Avec cette technologie, c'est un virus modifié qu'on envoie dans l'organisme, afin qu'il permette aux cellules de produire les antigènes.
L'avantage de cette technologie c'est qu'elle permet une meilleur réponse immunitaire. L'inconvénient c'est qu'il est plus difficile à produire et est plus coûteux. Il s'agit de la même technologie utilisé par le vaccin russe Spoutnik V ou encore celui du britannico-suédois AstraZaneca avec l'université Oxford. Mais Pasteur est moins avancé que ce dernier. Les essais cliniques ont débuté en août dernier et le vaccin ne devrait pas être disponible avant le dernier trimestre 2021.
