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Transition écologique: le Medef présente sa facture

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Selon une étude du Medef et de Rexecode, les entreprises devraient investir 30 à 40 milliards d'euros de plus par an pour financer la décarbonation de l'économie française.

À l'heure où Emmanuel Macron a nommé une Première ministre en charge de la planification écologique, le Medef fait les comptes, et l'addition frôle la centaine de milliards d'euros. Selon une étude réalisée par l'institut Rexecode pour l'organisation patronale, il faudrait investir 60 à 80 milliards d'euros de plus par an pour financer la décarbonation complète de l'économie française. Cela représente 2 à 3 points de PIB supplémentaires.

L'effort serait partagé entre les ménages et les entreprises, mais la marche serait très haute pour tout le monde. Selon l'étude, décarboner l'économie tricolore requerrait une hausse annuelle de 10 à 13% des investissements pour les entreprises (leurs investissements représentent aujourd'hui 350 milliards d'euros par an) et de 17 à 24% pour les ménages (150 milliards d'euros d'investissements), contre 1% en moyenne dans les dernières décennies.

Automobile, logement, agriculture...

Des efforts considérables pour rénover les logements, remplacer le parc automobile, développer le nucléaire et les énergies renouvelables et verdir des pans entiers de l'économie, comme les transports, l'industrie ou encore l'agriculture: selon l'étude, les entreprises de ces filières doivent trouver 30 à 40 milliards d'euros par an pour se décarboner. Pour le Medef, la solution est toute trouvée: il faut enlever 35 milliards d'euros d'impôts de production aux entreprises.

"On n'a pas le choix" d'aller vers la transition écologique, et "plus positivement, ça crée des opportunités", mais "il faut se dégager des marges de manœuvre financières" et "partager la charge", a assuré ce mardi matin le président délégué du Medef, Patrick Martin, sur le plateau de BFM Business. L'Etat doit "aider" les entreprises, "pas pour faire des super bénéfices mais pour financer ces 30 à 40 milliards" nécessaires, a-t-il souligné.

Mais là aussi, la marche serait haute pour le nouveau gouvernement: Emmanuel Macron, dans son programme, ne prévoit qu'une baisse de 7 milliards d'euros des impôts de production. "Si ce n'est pas sous cette forme", ce pourrait être des "crédits d'impôt" ou un "amortissement accéléré" des investissements, a estimé Patrick Martin. "Mais quoi qu'il advienne, il faut qu'on trouve une solution, sans quoi on ne sera pas au rendez-vous".

Thomas Sasportas avec Jérémy Bruno