Stéphane Richard, patron d'Orange, déplore que la 5G fasse les frais d'une "écologie punitive"

Stéphane Richard, le patron d'Orange. - Orange/Amélie Laurin
Si la 5G est une réalité commerciale en France depuis quelques mois, le déploiement du réseau patine. De plus en plus de citoyens et d'élus réclament un moratoire sur le déploiement pour des questions de santé publique ou d'écologie. Dans de nombreuses grandes villes, les déploiements sont bloqués: à Paris où la municipalité a décidé de lancer un "débat public", à Lille qui a annoncé être en faveur d'un moratoire jusqu'à la publication prévue au printemps 2021 d'un rapport très attendu de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses)...
Ce contexte inquiète Stéphane Richard, patron d'Orange. Dans un entretien au JDD, le responsable s'irrite:
"Un élu, Éric Piolle, le maire de Grenoble, a ainsi déclaré que la 5G ne servirait qu'à regarder des films pornographiques dans les ascenseurs! Cette technologie fait les frais d'une certaine 'écologie punitive', qui vilipende une consommation excessive que favoriseraient téléphones mobiles, tablettes et ordinateurs. (...) Il faut donc se poser la question de savoir si le débat sur la 5G en France n'est pas lié aux discours actuels de défiance face à la technologie et au progrès. Ce n'est sans doute pas un hasard si les antivaccins sont bien plus nombreux en France qu'ailleurs dans le monde".
"La France part avec près d'un an et demi de retard dans le déploiement de la 5G"
Le PDG s'attache également à contester une fois encore les conséquences néfastes de la 5G sur l'environnement ou la consommation d'énergie. "La technologie de la 5G est bien meilleure du point de vue de l'empreinte environnementale que la 4G. Elle est dix fois plus efficace sur la consommation énergétique. Il faudrait être d'une particulière mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le numérique est en lui-même porteur d'une solution, plutôt que créateur de problèmes."
Il poursuit: "À titre personnel, l'obscurantisme me dérange beaucoup. La France est un pays d'ingénieurs, d'inventeurs, d'entrepreneurs. Que le refus du progrès s'y développe est désolant."
Cette défiance, ces moratoires, ces débats sans fin ralentissent donc les déploiements d'une technologie qui vise notamment à la transformation numérique de l'industrie, des villes. "Nous ne sommes en effet pas vraiment en avance dans le déploiement de cette technologie. (...) La France part avec près d'un an et demi de retard dans le déploiement de la 5G. Il est difficile de savoir aujourd'hui si elle le rattrapera", se désole le dirigeant.