Revenir à 0% de droits de douane dans l'aviation: pour sauver le soldat Boeing, ce ministre de Trump fait une déclaration explosive en plein Bourget

Le secrétaire aux Transports, Sean Duffy, a tenu une conférence de presse à l'aéroport international Newark Liberty, où il a annoncé la réouverture d'une piste majeure, près de deux semaines avant la date prévue, le 2 juin 2025 à Newark, dans le New Jersey. - AFP
Boeing est en grande souffrance au salon du Bourget. L'avionneur américain n'a communiqué aucun commande encore, du jamais vu. Le rival d'Airbus pâtit évidemment du terrible accident du 787 d'Air India. Mais une menace tout aussi grande obscurcit l'avenir du groupe: les droits de douane de Donald Trump sur l'industrie aéronautique.
Une surtaxe douanière de 50% s'applique sur les importations aux États-Unis d'aluminium et d'acier, matériaux phares de l'aéronautique. L'ensemble des produits (dont les avions) importés d'Europe doivent eux s'acquitter d'une surtaxe de 10%. Or Boeing est très dépendant de la chaîne de valeur internationale de l'aéronautique.
"Boeing est bien plus exposé" que son rival européen, Airbus, selon Leeham News and Analysis, média américain spécialisé dans l'analyse du secteur aéronautique. Les surtaxes douanières imposées par Trump exposent Boeing au risque de représailles de nombreux pays alors qu'Airbus n'est menacé par les droits de douane qu'aux États-Unis, argumente Leeham.
Droits de douane nuls
Plus de la moitié des livraisons de Boeing concernent des clients non-américains sur la période 2022-2025, soit beaucoup plus que les livraisons d'Airbus à des compagnies basées aux États-Unis (17% en 2024), souligne Pascal Fabre, directeur général au sein du cabinet de conseil AlixPartners.
C'est dans ce contexte que le secrétaire américain aux Transports, Sean Duffy, a déclaré mardi qu'il souhaitait que l'aviation civile revienne à l'accord commercial à droits de douane nuls de 1979. Même s'il a également souligné qu'une telle initiative s'inscrivait dans des négociations commerciales plus larges.
S'exprimant au salon aéronautique de Paris, Sean Duffy a déclaré que la Maison Blanche était consciente que les États-Unis étaient un exportateur net dans le secteur aérospatial, tout en ajoutant qu'ils étaient confrontés à une situation douanière compliquée.
Les compagnies aériennes, les constructeurs aéronautiques et plusieurs partenaires commerciaux des États-Unis ont fait pression sur Trump pour qu'il rétablisse le régime sans droits de douane prévu par l'Accord sur les aéronefs civils de 1979, qui a généré un excédent commercial annuel de 75 milliards de dollars pour l'industrie américaine.
"Le libre-échange sur l'aviation c'est remarquable"
"Regardez l'impact du libre-échange sur l'aviation. C'est remarquable pour eux. C'est un formidable espace d'exportations nettes. La Maison Blanche le comprend, mais si vous allez là-bas et que vous observez les enjeux, vous constaterez que la situation est très intense et complexe", a déclaré Sean Duffy.
"Je pense que nous devrions retirer l'aviation de la table des négociations en revenant à 1979, ce qui ne peut que nous être bénéfique. Et priver nos partenaires commerciaux de certains outils serait bénéfique pour nous."
Le président américain Donald Trump a imposé des droits de douane de 10% sur presque toutes les importations d'avions et de pièces détachées, et début mai, le ministère du Commerce a lancé une enquête de sécurité nationale "Section 232" sur les importations d'avions commerciaux, de moteurs à réaction et de pièces détachées qui pourraient constituer la base de droits de douane encore plus élevés sur ces importations.
Les entreprises aérospatiales et de nombreux pays ont exhorté Trump à ne pas imposer de nouveaux tarifs douaniers. Le décret exécutif de Trump sur un accord commercial avec le Royaume-Uni signé lundi comprend un traitement sans droits de douane pour les avions et les pièces détachées.