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L Edito de Raphael Legendre

EDITO. Budget : la majorité au bord de la rupture

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Les incidents se sont multipliés au sein de la coalition cette semaine à l'Assemblée. De mauvaise augure alors qu'est présenté ce jeudi le projet de budget le plus difficile de ces quarante dernières années.

Le projet de loi de finances pour 2025 est présenté ce jeudi en conseil des ministres. Probablement le budget le plus difficile qu'un gouvernement ait eu à porter depuis des décennies, avec comme ambition 60 milliards d'euros de redressement des comptes publics. Face à ce défi historique, Michel Barnier semble incroyablement seul tant les relations au sein de la majorité semblent aujourd'hui exécrables. Après quelques semaines de cohabitation seulement, c’est bien simple, le torchon brûle à tous les étages entre le Premier ministre, Gabriel Attal et Laurent Wauquiez.

Il y a eu des étincelles cette semaine à l’Assemblée nationale. Mardi, le petit-déjeuner du groupe Ensemble pour la République a été le théâtre d’échanges tendus entre les députés Renaissance et le Premier ministre sur les sujets budgétaires. Gabriel Attal a répété le lendemain en conférence de presse qu’il voulait plus de réformes et moins d’impôts dans le PLF. Comme soutien, on a connu mieux.

Michel Barnier, de son côté, ne comprend pas que les macronistes viennent lui faire la leçon après avoir laissé les comptes publics dans un tel désordre. On pourrait penser qu’avec LR, sa famille politique, les choses iraient mieux... Et bien pas du tout ! A droite, on trouve qu’il ne traite pas assez son parti, on ne comprend pas qu’il soit allé au petit-déjeuner de Renaissance et pas celui des LR. Finalement, il n’y a qu’au Sénat que les choses se passent à peu près correctement.

Hier, c’est entre Renaissance et DR que l’incendie s’est déclaré

Vingt-quatre heures seulement après avoir rejoint officiellement la majorité, la droite républicaine a fait voler en éclats le deal scellé entre Attal et Wauquiez en juillet dernier. Ces deux-là s’étaient mis d’accord pour porter un Renaissance à la présidence des Affaires économiques. Antoine Armand a depuis été nommé ministre. Et hier on votait à l’Assemblée pour le remplacer.

Wauquiez a réclamé le poste, mais c’est un autre Renaissance, Stéphane Travers, ancien ministre d'Emmanuel Macron, qui a été désigné candidat. Furieux, le président du groupe DR a fait passer des consignes d’abstention à ses députés. Résultat : c’est la candidate LFI, Aurélie Trouvé, qui a été élue.

Nous avons donc deux LFI aux présidences de la commission des finances et des affaires économiques, pour de basses raisons politiciennes. Tout cela n’augure pas du meilleur pour la suite, et en tout cas ne donne pas, c’est le moins que l’on puisse dire, la meilleure image de la politique.

Raphaël Legendre