Vol de 100 millions d'euros chez Kiabi: comment éviter une escroquerie dans son entreprise?

Une arnaque d’ampleur qui montre que même les grandes enseignes ne sont pas à l’abri. Le grand retentissement du cas de Kiabi, enseigne française d’habillement victime d’une escroquerie par une de ses anciennes trésorières, a poussé beaucoup d’entreprises à se questionner sur leur sécurité, surtout lorsqu’il s’agit de confier leurs finances.
Mais alors comment éviter ce genre d’arnaques pour son entreprise?
Tout d’abord, il faut rappeler que les escroqueries de ce type sont plus fréquentes dans de grandes structures. "Les fraudeurs vont se concentrer sur l'endroit où il y a de l'argent", explique Jean-Marc Allouet, directeur général de Geoficiency et expert en gestion des risques financiers. Ensuite, il faut accepter l’idée qu’”une sécurité absolue n'existe pas”, rappelle Jean-Marc Allouet. “On essaye de renforcer le plus possible les systèmes de l’entreprise, mais malgré tout il y a régulièrement des épisodes de ce type”, explique l’expert.
Des dispositifs de protection
Pour limiter autant que possible les risques, il est nécessaire de se protéger un maximum. “Il faut instaurer des mots de passe, mettre en place des procédures, demander des doubles signatures, demander des vérifications… toutes ces mesures qu’on appelle de ‘réduction du risque’ qui compliquent la tâche d'éventuels fraudeurs”, détaille Jean-Marc Allouet.
Mais les mesures de protection ne sont pas suffisantes: il faut rester vigilants pour détecter les éventuelles arnaques qui auraient réussi à passer entre les mailles du filet.
Selon l’expert en gestion des risques financiers, “il faut quand même être très méfiant et mettre en place des moyens de détection pour détecter les problèmes le plus vite possible. En moyenne, une fraude court sur douze mois avant d’être découverte, c’est exactement ce qui s’est passé dans le cas de Kiabi”.
La mise en place de processus de vérification est une des clés pour éviter les escroqueries.
“Il faut instaurer des garde-fous, même en interne”, rappelle Jean-François Beuze, PDG de Sifaris et expert en cybersécurité.
“Il peut s’agir par exemple d’un système de double signature”, détaille l’expert. “Comme au niveau étatique, il faut installer un contre-pouvoir. L’étape de contrôle d’une deuxième personne permet de se prévenir des incidents”, explique Xavier Dulin, avocat en droit social. “Il est vrai que la tentation est grande et qu’il n'existe aucun outil aujourd'hui, ni juridique ni informatique, qui permet de mesurer l’honnêteté de quelqu’un ou sa dangerosité”, conclut l’avocat.
Le rôle essentiel de l'IA
Il y a, enfin, deux autres astuces pour se prévenir au maximum des risques de fraudes internes.
“Il faut identifier les postes clés, les plus critiques”, explique Emilie Korchia, fondatrice de MyJobGlasses.
“C’est les postes où il peut y avoir une validation, une action avec des conséquences lourdes. Ça peut être de l'argent, mais aussi des décisions opérationnelles”, poursuit l’experte d’Avec Vous. “C’est sur ces postes qu’il faut faire une “revue de talents”, avec le reste du management, pour se poser la question de la fiabilité”.
L’intelligence artificielle a aussi son rôle à jouer. “L’IA est un outil qui peut être utilisé par les fraudeurs ou, au contraire, pour se prévenir contre les arnaques”, explique Jean-Marc Allouet. ”Dans ma société, par exemple, on utilise aussi l'intelligence artificielle pour identifier des situations ou des comportements atypiques”, conclut l’expert en gestion des risques financiers.
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