Manipulations, arnaques... Pour voler votre argent, les malfaiteurs sont de plus en plus ingénieux

Selon le rapport de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, la fraude aux moyens de paiement reste stable (-0,6% en volume). Mais elle repose de plus en plus sur la manipulation et les arnaques aux personnes.

Davantage de paiements en 2023, mais des opérations frauduleuses stables. Comme en témoignent les chiffres du rapport de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France, les opérations scripturales (paiement hors espèces) continuent d'augmenter en 2023. 32,2 milliards d'opérations des entreprises, administrations et particuliers ont été recensées l'année dernière (+5,2%) pour un montant en valeur supérieur à 34.000 milliards d'euros.

En dépit de cette augmentation des transactions, la fraude - en valeur ou en volume reste stable. En 2023, les opérations frauduleuses concernaient 7,1 millions d'opérations (-0,6% par rapport à 2022). Soit 0,022% du volume des transactions pour un préjudice valorisé à 1,195 milliard d'euros (+0,2% par rapport à 2022).

La fraude au chèque recule, celle des paiements par carte à distance augmente

Quels moyens de paiement sont privilégiés par les fraudeurs? En valeur, le paiement par carte tient la corde (38%), tiré par les paiements à distance, suivi du chèque (31%) et des virements bancaires (26%). En valeur, la fraude au chèque est en diminution (-8%), ce qui va de pair avec la diminution du recours à ce moyen de paiement de manière générale (-13,4%). La fraude au chèque s'effectue principalement par l'utilisation de chéquiers perdus ou volés.

D'autres bonnes nouvelles sont à relever, comme la faible vulnérabilité des paiements ayant recours au protocole 3-D Secure, qui sont proportionnellement trois fois moins fraudés que les paiements réalisés sans sécurisation. Les paiements par mobile sont également de moins en moins fraudés, ce qui témoigne de l'efficacité du processus d'authentification forte alors que ce moyen de paiement connaît une envolée.

Au nombre des signaux faibles, les paiements par carte représentent plus de 9 transactions fraudées sur dix en volume. Les paiements par carte à distance (en communiquant numéros confidentiels et codes de sécurité par téléphone ou sur internet) sont davantage fraudés et sont les plus vulnérables.

La fraude prend davantage la forme de manipulation et d'arnaques

Plus inquiétant, la fraude repose de plus en plus sur la manipulation des victimes, en leur soutirant des informations confidentielles pour en faire usage. On citera notamment la technique dite du spoofing qui demande par téléphone des identifiants confidentiels en se faisant passer pour un conseiller bancaire. Ou encore celle des faux sms réclamant le paiement de contraventions non réglées.

Pour empêcher la recrudescence de ces techniques de plus en plus élaborées, l'Observatoire a fait de la lutte contre l'usurpation d'identité un axe de travail prioritaire et implique désormais directement les opérateurs de téléphonie.

Des mécanismes efficaces ont été mis en place. Ainsi les fraudeurs sont empêchés d'usurper l'identifiant alphanumérique de services publics ou d'entreprises. Ils sont réduits à envoyer des SMS malveillants depuis des numéros en 06 ou 07. De plus, en octobre, un mécanisme de contrôle complémentaire des lignes fixes françaises sera mis en place. Il permettra de couper les appels jugés non conformes.

Mesures de vigilance recommandées pour les particuliers

Néanmoins, pour éviter d'être victime de fraude, une vigilance complémentaire des usagers est requise. Selon les chiffres du SSMI (Service statistique ministériel de la sécurité intérieure), les particuliers sont bien davantage concernés que les sociétés qui ne représentent que 8,7% des victimes. Plus étonnant, les jeunes adultes (25-34 ans) sont les plus représentés lors des dépôts de plaintes pour escroquerie et fraudes aux moyens de paiement.

Alors, quelles règles de base appliquer pour se prémunir? Il est par exemple recommandé de ne jamais répondre aux sms provenant de 06 ou 07 inconnus réclamant un paiement ou indiquant une mise en demeure. Les services publics ou grandes entreprises n'utilisent jamais ce type de numéro pour leurs envois.

Il est également recommandé de ne jamais cliquer sur les liens internet vers lesquels ces sms renvoient. De la même manière, ne jamais communiquer ses identifiants à son conseiller bancaire qui n'en a pas besoin, comme le rappelle la campagne de vigilance lancée en juin dernier. Enfin, comme pour d'autres aspects de la vie privée, il convient de veiller aux informations personnelles partagées sur les réseaux sociaux qui peuvent être utilisées à des fins de manipulation ou d'usurpation.

Marine Landau