100 millions d'euros détournés chez Kiabi: ces autres entreprises victimes de fraudes réalisées en interne

Une fraude colossale. L'enseigne de magasins de vêtements Kiabi a découvert en juillet avoir été victime d'une "fraude financière sophistiquée d'ampleur", a dévoilé Franceinfo. Selon des sources proches de l'enquête à BFMTV, le montant de ce détournement atteindrait les 100 millions d'euros.
Ce détournement a été mené avec soin à travers la technique des "comptes rebonds", par une trésorière de l'entreprise ayant quitté l'entreprise en juillet 2023, a appris BFTMV. L'argent avait été placé sur un compte en Europe par cette trésorière, dans le cadre d'un investissement tout à fait normal à l'été 2023. Selon nos informations, mi-juillet, alors que Kiabi cherche à récupérer l'argent mis sur ce compte un an plus tôt, la banque lui indique que le compte est vide. L'entreprise porte plainte.
Cette fraude interne de 100 millions d'euros est certainement une des plus importantes de l'histoire récente. Mais Kiabi n'est pas la seule entreprise à avoir vu de l'argent s'évaporer dans la nature.
Ainsi, selon un article de Harvard Business Review, "la fraude interne occasionne chaque année en France une perte d’au moins 5% du chiffre d’affaires des entreprises, quel que soit leur secteur d’activité ou leur taille".
Rappelons que la fraude interne se définit comme une tromperie ou une dissimulation intentionnelle commise par un ou plusieurs collaborateurs, en vue d'obtenir un gain financier pour son propre compte.
• Altice: au moins 100 millions d'euros de préjudice
Une vaste affaire de corruption présumée vise Armando Pereira, ex-bras droit de Patrick Drahi, le PDG du géant Altice (propriétaire notamment de SFR).
Dans ses premières conclusions, le procureur portugais a estimé que le groupe aurait été lésé à hauteur de plus de 100 millions d’euros par ces pratiques.
Des sociétés portugaises travaillant avec différentes entités du groupe Altice en tant que fournisseurs auraient été favorisées, au bénéfice de leurs actionnaires, tous proches d’Armando Pereira.
• Eramet: 45 millions d'euros de préjudice
La fraude dans cette entreprise française minière est découverte en 2021 et se situe au sein de Metal Securities, l'entité chargée de la gestion de trésorerie du groupe.
"Cette fraude a visé à falsifier les véritables caractéristiques d'un investissement dans un placement non autorisé, puis à dissimuler la perte financière subie en 2019 suite à la baisse de valeur de ce placement", explique le groupe.
L'affaire est rocambolesque. Un salarié de Metal Securities, également condamné pour trafic de cannabis, était chargé d'effectuer des investissements sur des produits sécurisés. Mais l'homme préfère miser 50 millions d'euros sur un produit à haut risque, sans le dire à son entreprise.
Il avait touché une somme de 850.000 euros de rétrocommissions, mais le placement se révèle une très mauvaise affaire. Son objectif était alors de cacher à son employeur la perte et de cacher la commission perçue.
• Une société de conseil informatique des Yvelines: 25 millions d'euros
L'affaire est récente et l'identité de l'entreprise victime n'est pas connue. Selon Le Parisien, cette société internationale de conseil informatique basée dans les Yvelines (1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires) se serait fait voler durant cinq ans par l’un de ses cadres en Roumanie, aujourd’hui à la retraite au Maroc. Montant du préjudice: 25 millions d'euros.
Avec des complicités internes, des dizaines de fausses factures ont été validées et les sommes frauduleuses ont été transférer dans des comptes à l'étranger.
• Atalian: 17 millions d'euros détournés
Franck Julien, ancien propriétaire du géant du service aux entreprises Atalian, a été reconnu coupable de multiples abus de biens sociaux entre 2008 et 2017 et condamné à quatre ans de prison, dont dix-huit mois ferme.
L'homme avait fait en sorte que plusieurs de ses dépenses personnelles soient prises en charge par ses entreprises. Sont notamment concernés la réalisation de travaux dans ses différents domiciles et l’achat d’un bien immobilier de prestige à Bruxelles.
• BNP: 16 millions d'euros empochés par une salariée
Pendant trois ans, cette employée a pu abuser de la confiance de la banque pour s'acheter des meubles précieux. Elle a été condamnée à trois ans d'emprisonnement dont 27 mois avec sursis.
Chargée des achats au siège de la banque, elle a détourné près de 16 millions d'euros entre 2003 et 2006 pour s'offrir des meubles signés.
• PSA: 15 à 20 millions d'euros détournés en quelques années
En 2007, cette salariée de PSA Finances, a détourné des sommes allant de 20.000 à 10 millions d'euros lors de plusieurs opérations financières de banque à banque au détriment de son entreprise.
Bijoux, voitures..., cette fraude lui servait à s'offrir des biens de luxe. Elle s'est faite repérée en présentant une fausse garantie d'emprunt de 18 millions d'euros pour un prêt auprès de la banque HSBC.
• Cryospace (EADS): 13 millions d'euros détournés
Entre 2005 et 2008, une secrétaire administrative chargée des achats parvient à détourner 13 millions d'euros sans trop d'efforts. Elle établissait des vrais bons de commande, mais sans rien acheter avec la complicité de son compagnon, patron d'une entreprise dans l'aéronautique.
L'homme émettait des factures à Cryospace, des factures réglées rubis sur l'ongle, mais sans que rien ne soit livré.
Avec leurs gains, le couple mène grand train: biens immobiliers, quatre mobil-homes, une Ferrari F 430...
• CIC: un employé s'offre un demi-million d'euros
Ce salarié de 24 ans travaillait dans une succursale du 9e arrondissement de Marseille, il est parvenu à détourner 595.000 euros.
En charge du réapprovisionnement du distributeur de billets de sa banque, il avait trouvé le moyen de se servir à chaque intervention. L'escroquerie a duré pendant près d'un an, jusqu'à être repéré en juillet 2018.
• Emmaüs: 460.000 euros détournés
Les entreprises ne sont pas les seules victimes des fraudes internes. L'an passé, l’ancien président de l'association Emmaüs Ornans, dans le Doubs, est condamné à un an de prison ferme pour abus de confiance aggravé.
Il avait effectué 300 virements du compte d’Emmaüs Ornans vers un compte ouvert dans une banque en ligne en Allemagne, au nom du président de l’association. Au total, ce sont 460.000 euros qui ont été détournés entre 2020 et 2023.
Là encore, ces sommes sont utilisées pour des achats: une Porsche, des chaussures Louboutin, un voyage à Las Vegas, restaurants luxueux...
• Disneyland Paris: des salariés du CE détournent 400.000 euros
L'ancien secrétaire général et deux salariés du comité d'entreprise (CE) du célèbre parc ont détourné ou aidé à détourner 400.000 euros entre 2007 et 2009.
Leur méthode: supprimer des données informatiques du logiciel qui permettait notamment de gérer la billetterie.