Pétrole: la visite de Joe Biden en Arabie saoudite peut-elle amener à une baisse durable des cours?

Les talents diplomatiques de Joe Biden, en visite en Arabie saoudite ce vendredi, pourront-ils infléchir durablement la courbe du cours du pétrole? Invité de Good Morning Business ce vendredi, Philippe Chalmin, professeur d'économie à l'Université Paris Dauphine et fondateur du cercle CyclOpe a commenté les effets ecomptés de la visite de chef d'Etat américain en Arabie Saoudite sur le prix de l'or noir. Et si la visite est importante, l'économiste n'y voit pas un tournant immédiat sur les cours du baril.
Après les plus hauts enregistrés dès fin février avec le début de la guerre en Ukraine, le cours du baril a déjà commencé à baisser, une baisse qui s'est encore accentuée notamment sous l'effet de la récession.
"Dans la journée d’hier, on est tombé pour le brut américain à un peu au-dessus de 90 dollars le baril et 95 pour le brent", a souligné Philippe Chalmin.
Ce passage cette semaine sous la barre des 100 dollars s'explique par les anticipations des marchés concernant un ralentissement économique mondial, avec la petite musique de la récession qui retentit, et une légère baisse de la demande. S'il est loin des sommets à plus de 140 dollars le baril, le cours du pétrole reste, malgré tout, élevé. Et avec la disparition du pétrole russe du marché pour les Occidentaux, les yeux se tournent vers les pays producteurs qui pourraient augmenter leur production.
Une hausse de la production?
Or, avec la fin de la libération progressive des quotas décidée l'année dernière, les pays de l'Opep+ doivent normalement augmenter de 650.000 barils par jour en juillet et en août. Ce qui devrait, sur le papier, avoir un effet à la baisse sur les cours.
"Mais un certain nombre de pays n'en ont pas les capacités manifestement", juge Philippe Chalmin. C'est notamment le cas de l'Angola, du Nigeria, de la libye, du Venezuela et de l'Iran.
Finalement, les pays qui ont la capacité d'augmenter leur production ne sont pas si nombreux. Ce sont l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. "Je vois assez mal les Saoudiens obtempérer", a estimé le président de CyclOpe.
Un impact limité sur le prix du carburant aux Etats-Unis
Par ailleurs, une hausse de la production de l'Arabie saoudite aurait un impact limité sur le prix du carburant aux Etats-Unis. La hausse du gallon s'explique en partie par le problème de raffinage sur ce territoire. Le pays, dont les capacités ont diminué, rencontre de très fortes tensions dans ses raffineries, au moment de la "driving season", ces mois d'été où les Américains parcourent beaucoup de kilomètres en voiture.
Par conséquent, même si Joe Biden ramenait un accord de Mohammed Ben Salmane pour augmenter sa production, cela ne permettrait pas pour autant une baisse du prix de l'essence à la pompe pour les Américains. Or c'est peut-être l'objectif politique principal visé par le chef de l'Etat américain, à quelques mois des élections de mi-mandat.