Les droits de douane de Trump vont provoquer une croissance quasi-nulle en 2025 en Asie-Pacifique

La secrétaire au Trésor Janet Yellen à l'issue de la réunion des ministres des Finances de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique le 13 novembre 2023 à San Francisco, aux Etats-Unis. - Kent Nishimura / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Après le bond, l'inertie. La Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) prévoit une quasi-stagnation du commerce et un drastique ralentissement économique dans la région en 2025 en raison de l'escalade des droits de douane, selon des prévisions dévoilées jeudi.
L'APEC réunit 21 économies (Australie, Vietnam, Thaïlande, Japon, États-Unis, Canada, Mexique...), dont des pays asiatiques dépendants du commerce et frappés de plein fouet par la guerre douanière engagée par Washington.
Les économistes de l'organisation n'attendent plus qu'une maigre croissance de 0,4% des exportations dans la région Asie-Pacifique en 2025, contre un bond de 5,7% l'an dernier. Les importations devraient stagner (+0,1%).
En conséquence, les pays de l'APEC ne devraient plus enregistrer qu'une hausse de 2,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2025, contre une prévision précédente de 3,3%. Une croissance de 2,7% est prévue pour 2026, très en-deçà de la performance attendue pour le reste du monde (+3,3%).
L'impact direct des droits de douane
Si l'organisation recouvre des économies variées, toutes pâtissent: l'escalade des représailles douanières "entraîne une perte de confiance des investisseurs, un affaiblissement de la demande", s'est alarmé devant la presse Carlos Kuriyama, directeur de la branche politiques publiques de l'APEC.
Il s'exprimait en marge d'une réunion des ministres du Commerce de l'APEC débutant jeudi en Corée du Sud.
Outre des droits de 25% sur l'automobile et la sidérurgie, l'administration Trump a annoncé début avril des surtaxes douanières "réciproques" prohibitives, actuellement suspendues jusqu'à juillet.
Au risque de plomber l'activité: "Des droits de douane plus élevés pénaliseront les chaînes d'approvisionnement, renchériront les coûts de production, qui seront répercutés sur le consommateur final, et plomberont donc la demande de biens", détaille Carlos Kuriyama.
Selon lui, l'incertitude est le pire des risques: "Il est essentiel de veiller à la stabilité des politiques et, si des changements interviennent, à leur caractère permanent et non temporaire", suggère-t-il.
La réunion de l'APEC cette semaine est l'occasion d'une série de discussions bilatérales entre le représentant américain au Commerce Jamieson Greer et les représentants de partenaires des États-Unis, notamment le représentant chinois au Commerce Li Chenggang.
Pékin et Washington ont récemment scellé une pause partielle dans leurs lourdes surtaxes douanières.
"C'est positif, mais cela ne nous ramène pas à la situation d'avant avril", tempère Carlos Kuriyama.
Au sein de l'APEC, "de nombreux gouvernements tentent d'appliquer des mesures pour faciliter les échanges afin de compenser l'effet négatif des mesures" américaines, observe-t-il.
Mais avec un impact limité: "les États-Unis sont la plus grande économie du monde. Il sera difficile de combler toutes ces opportunités" avec des marchés alternatifs, conclut-il, jugeant que la seule solution est "une désescalade" impliquant Washington.