"Les attaques persistantes causent des pénuries": piégée par l'Ukraine, la Russie voit ses revenus du pétrole plonger à leur plus bas niveau depuis 10 ans

Sur cette photo collective diffusée par l'agence publique russe Sputnik, le président russe Vladimir Poutine préside une réunion de la Commission militaro-industrielle russe à Perm, le 19 septembre 2025. - Gavriil Grigorov
Les revenus de la Russie tirés du pétrole brut et des produits raffinés ont de nouveau diminué en septembre, les exportations de ces derniers ayant plongé à leur plus bas niveau depuis dix ans, hors avril 2020, mois marqué par la pandémie de Covid, a annoncé mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Pour rappel, les ventes de pétrole représentent un quart des recettes de l'Etat.
L'industrie énergétique vitale de la Russie est mise à rude épreuve par la recrudescence des frappes de drones ukrainiens sur les raffineries de pétrole et les pipelines, ainsi que par les sanctions occidentales.
L'AIE, basée à Paris, a indiqué que les revenus de la Russie provenant des ventes de brut et de carburant ont chuté à 13,35 milliards de dollars en septembre, contre 13,58 milliards de dollars en août, en raison également de la baisse des prix. Cette baisse fait suite à une forte baisse déjà enregistrée en août par rapport à juillet.
"Les attaques persistantes contre les infrastructures énergétiques russes ont réduit la production de brut russe d'environ 500.000 barils par jour, ce qui a entraîné des pénuries de carburant sur le marché intérieur et une baisse des exportations de produits", a déclaré l'AIE dans un rapport mensuel.
En septembre, la Russie a pourtant exporté au total 7,4 millions de barils par jour (b/j) de pétrole, soit 210.000 b/j de plus qu’en août. Les exportations de brut (le pétrole non raffiné) ont augmenté de 370.000 b/j pour atteindre 5,1 millions de b/j, leur plus haut niveau depuis mai 2023. Les exportations de produits pétroliers (c’est-à-dire le pétrole raffiné comme le gasoil, le fioul, l'essence et le kérosène) ont au contraire diminué de 170.000 b/j, à 2,4 millions de b/j.
Moins de pétrole raffiné
Cette hausse du brut s’explique par une réduction de l’activité des raffineries russes. Moins de pétrole raffiné entraine plus de pétrole brut disponible à exporter. La baisse des produits raffinés vient surtout d’une diminution des ventes de gasoil et de fioul, notamment vers l’Arabie saoudite.
Le résultat c'est que Moscou a enregistré une baisse de 440 millions de dollars des recettes d’exportation de produits non compensée par la hausse de 200 millions de dollars des recettes sur le brut exporté.
L'AIE a également déclaré que la décote du pétrole brut russe de l'Oural par rapport au prix de référence de la mer du Nord s'est accru de plus de 13 dollars le baril début octobre, la plus importante depuis mai, alors que les barils excédentaires de la Russie ont rejoint un marché mondial surapprovisionné.
Une situation compliqué pour Moscou d'autant que Washington resserre l’étau: les Etats-Unis souhaitent que le Japon cesse ses importations de produits énergétiques russes, a déclaré ce mercredi le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent.
De même, mercredi soir, l'hôte de la Maison Blanche a affirmé que le Premier ministre indien Narendra Modi lui avait promis de cesser ces importations.
"J'étais mécontent que l'Inde achète du pétrole, et il m'a assuré aujourd'hui qu'ils n'achèteraient pas de pétrole à la Russie", a-t-il déclaré en réponse à une question de la presse.