Le paradoxe Tesla entre au S&P 500

C’est un accomplissement. Ce lundi, Tesla entre dans le prestigieux indice de Wall Street et se paye au passage le luxe de devenir l’entreprise la plus chère de l’histoire à intégrer le S&P 500. Si cette introduction déchaine les superlatifs, elle ne masque pas pour autant la situation paradoxale dans laquelle se trouve Tesla. Devenu crédible par rapport aux déboires industriels des débuts, Tesla n’en reste pas moins une société avec une capitalisation record pour une rentabilité basée non pas sur ce qu’il produit (ses voitures) mais sur ce qu’il ne produit pas (du CO2).
"Les investisseurs nous accordent beaucoup de crédit pour les bénéfices futurs", reconnaissait Elon Musk au début du mois. C’est une évidence, mais le cours de Tesla est surveillé depuis longtemps, et encore plus ces derniers mois, comme le lait sur le feu. Elon Musk ajoutait alors, bien conscient du fait, que si ces bénéfices n'arrivent pas, l'action Tesla "chutera immédiatement".
Une rentabilité basée sur la vente des crédits carbone
Le PDG sait qu'il doit assurer la stabilité financière de l'entreprise, car sa marge est aujourd'hui très faible: environ 1% cette année. Et encore Tesla doit ces résultats à une activité temporaire, celle de la revente de crédit carbone à ses concurrents pas encore dans les clous pour leurs émissions de CO2. Au 3ème trimestre, Tesla a dégagé un bénéfice record de 331 millions de dollars. Mais les revenus de ses crédits carbones ont triplé, atteignant 397 millions. Sans eux, Tesla aurait donc été dans le rouge.
Car si les ventes de ses voitures suivent les objectifs, dans le même temps, les dépenses augmentent: +35% au 3ème trimestre, suivant un plan de développement industriel à marche forcée. Tesla est en train de construire deux Gigafactory, au Texas et à Berlin (Allemagne), il agrandit celle de Shanghai et investit encore et encore dans la R&D. Sur les futures technologies de batteries sans abandonner la conduite autonome et le développement de nouveaux modèles.
"Nous devons être plus intelligents sur la façon dont nous dépensons de l'argent", met en garde Elon Musk. Une réduction des coûts fixes semble donc primordiale pour assurer à plus long terme la rentabilité de l'entreprise et satisfaire les actionnaires.