La patronne d’Orange France va quitter ses fonctions

C’est un nouveau départ de taille à la tête d’Orange. Selon plusieurs sources proches du groupe, la directrice générale d’Orange France va quitter ses fonctions. Fabienne Dulac occupe ce poste depuis 2015 et devrait céder sa place à partir du 1er avril. Elle devrait rester encore quelques mois chez Orange aux côtés de la directrice générale du groupe, Christel Heydemann.
Fabienne Dulac sera remplacée en interne par Jean-François Fallacher. Il dirige actuellement la filiale espagnole d’Orange qui est en train de fusionner avec son concurrent Mas Movil. Contactée, Orange n’a pas souhaité commenter nos informations.
Le départ de Fabienne Dulac circulait déjà depuis plusieurs mois chez Orange alors qu’elle dirige la filiale française depuis huit ans. Un record dans cette entreprise où la gestion avec les puissants syndicats d’Orange est complexe. Premier contributeur du groupe, Orange France réalise 40% de son chiffre d’affaires.
Le directeur financier aussi va partir
Il s’agit du deuxième changement majeur dans la gouvernance d’Orange depuis le départ de Stéphane Richard l’an passé et l’arrivée de Christel Heydemann. Le mois dernier, le directeur financier Ramon Fernandez a annoncé qu’il rejoignait l’armateur CMA CGM. Selon plusieurs sources, une refonte complète de la direction du groupe sera annoncée le 16 février lors de la présentation du plan stratégique.
Ces mouvements s’inscrivent d’ailleurs dans cette nouvelle page de l’histoire du groupe. Arrivée à la direction générale d’Orange en avril 2022, Christel Heydemann présente - "enfin!" entend-on en interne - sa feuille de route. Le conseil d’administration a tenu un séminaire stratégique de deux jours en début de semaine dernière. Les détails n’ont pas été tranchés et le seront lors de sa prochaine réunion le 15 février. Mais les grandes lignes sont claires: recentrage sur les métiers télécoms et amélioration des performances financières.
Quelques cessions ont été enclenchées. La vente à Canal + d’OCS, la filiale de contenus cinémas, avait déjà été lancée l’an passé. Celle d’Orange Bank est en cours. En revanche, selon plusieurs sources, l’introduction en Bourse de la filiale africaine a été mise entre parenthèse. "2023 va être une année difficile, ce n’est pas le moment de faire d’importants mouvements stratégiques", explique un proche de la direction. "Le président d’Orange a dit qu’une mise en Bourse pourrait intervenir dans le cadre d’une alliance", ajoute un autre. L’ancien PDG, Stéphane Richard avait envisagé de rapprocher Orange Afrique des mêmes activités du concurrent Vodafone, qui sont complémentaires. L’opérateur britannique est, lui aussi, en pleine évolution.
Couper dans les coûts
Même raisonnement pour la filiale dédiée aux antennes mobiles "Totem". L’ancienne direction avait envisagé d’ouvrir son capital à des investisseurs pour la valoriser et remonter du cash. Ce projet est, là aussi, suspendu à court terme.
Le nouveau plan stratégique d’Orange insistera sur la performance financière, la baisse des coûts pour augmenter les marges. Une vision incarnée par le nouveau président du groupe, Jacques Aschenbroich. La directrice générale porte davantage sur la négociation d’une nouvelle régulation, visant à augmenter les prix de la location des réseaux fixe et mobile d’Orange, à la fois aux concurrents SFR, Bouygues et Free, qu’aux géants du Net Google, Facebook ou Netflix. "L’un va taper dans les dépenses, l’autre va aller chercher des sous", ironise un bon connaisseur du groupe.
Orange traverse une année difficile dans un secteur sans croissance et avec une inflation des coûts. A titre d’exemple, sa facture énergétique a augmenté de près de 300 millions d’euros l’an passé. Le redressement des marges d’Orange France sera au cœur du nouveau plan, tout comme celles de la filiale espagnole qui vient tout juste de retrouver la croissance.