L'extension du marché de Rungis au nord de Paris pourrait créer "4000 à 5000 emplois"
Le marché de Rungis veut s'étendre au nord de Paris. Baptisé "Agoralim", le projet vise à construire des plateformes logistiques adossées à des activités de production agricole et de transformation dans l'est du Val-d'Oise. Avec, comme épicentre, le triangle de Gonesse, cette enclave verte de 700 hectares entre les aéroports de Roissy et du Bourget qui devait accueillir le mégacomplexe de commerces et de loisirs Europacity, enterré par Emmanuel Macron en 2019. Autour de Gonesse, trois autres sites ont été retenus, à Goussainville, Roissy-en-France et Bonneuil-en-France.
"C'est un projet de territoire […], ça n'est pas un Rungis bis", souligne Stéphane Layani, président de la Semmaris, la société gestionnaire du marché de gros. L'objectif du projet est de "dynamiser" l'est du Val-d'Oise, "qui a besoin d'activité économique", avance-t-il, mais aussi d'assurer l'approvisionnement de l'Île-de-France, dont la population va "croître d'un million et demi de personnes dans les dix années qui viennent". Or, "un million et demi de personnes, c'est 300.000 tonnes de produits en plus chaque année", précise le dirigeant.
"On a besoin, pour continuer notre mission de service public, de nous développer". Car le marché de Rungis, ouvert en 1969 dans l'Essonne pour remplacer les Halles de Paris, est saturé à 97%. "Tous les jours, je reçois des demandes pour s'installer à Rungis, et tous les jours je suis obligé d'en refuser", assure Stéphane Layani. Mais l'objectif n'est pas de créer un deuxième marché de Rungis. L'idée est "de créer un modèle où on produira les produits, on les préparera, on les transformera, on les distribuera, peut-être qu'on les cuisinera, et on les commercialisera en circuit court", note-t-il.
Incubateur et formation
"Ce qui marche, c'est quand les gens travaillent ensemble, quand il y a des synergies, quand il y a du business entre professionnels et professionnels. Autour de Gonesse, sur les quatre sites que nous avons choisis, on souhaite faire un véritable écosystème", explique-t-il. "Agoralim" proposera de la formation, car "si vous avez une population jeune qui n'est pas formée aux métiers de bouche ou aux métiers de l'agroalimentaire, ça n'est pas possible", mais aussi un incubateur dédié aux "foodtech" et aux "agrotech".
La Semmaris a remis la semaine passée à Jean Castex le rapport détaillant les contours du projet, intégré dans le "plan Val-d'Oise" annoncé par le Premier ministre. À terme, ses promoteurs ont évalué qu'il pourrait créer "4000 à 5000 emplois". La société gestionnaire est prête à mettre 700 millions d'euros sur la table, et mise sur 700 millions d'euros supplémentaires apportés par des acteurs publics et privés, soit un investissement total de 1,4 milliard d'euros. Le coup d'envoi des premiers travaux pourrait être donné à l'horizon 2025.