Une première depuis les années 60 aux États-Unis: 750.000 travailleurs étrangers ont quitté le pays depuis le retour de Donald Trump

Le nombre de personnes étrangères a chuté aux États-Unis depuis le mois de janvier selon des données issues du recensement fédéral. Cela pourrait avoir des conséquences économiques dans les secteurs les plus concernés.

La population immigrée aux États-Unis a baissé pour la première fois depuis cinquante ans, selon des données issues du dernier recensement fédéral, analysées par le Pew Research Center.

Le nombre de personnes nées à l'étranger a diminué de 1,4 million entre janvier et juin 2025, soit depuis le retour au pouvoir de Donald Trump qui mène une politique anti-immigration. En juin, 51,9 millions d'immigrants vivaient aux États-Unis (15,4% de la population totale).

Il s'agit du "premier déclin depuis les années 1960", selon le Pew Research Center.

Possibles conséquences économiques

Dans le détail, le centre de recherche estime que 750.000 travailleurs étrangers ont quitté les États-Unis.

"Une chute rapide de l’immigration va causer des dommages économiques", a indiqué Tara Watson, économiste à la Brookings Institution, dans le New York Times.

Près d'un travailleur sur cinq (19%) était immigré en 2023, contre 15 % deux décennies plus tôt. Il y avait 33 millions de travailleurs étrangers aux États-Unis, dont 23 millions d’immigrants légaux et 10 millions d’immigrants sans papiers en 2023.

Le manque de main d'œuvre s'est déjà matérialisé dans certaines régions, en particulier agricoles, où l'agence fédérale de l'immigration mène des vagues d'arrestation contre des personnes en situation irrégulière.

Les étrangers sont particulièrement présents dans certains secteurs d'activité comme l'agriculture, la construction ou les services à la personne.

Leur rôle est "essentiel pour atténuer les pénuries sur les marchés du travail régionaux, d’autant plus que la mobilité de la main-d’œuvre aux États-Unis a régulièrement diminué depuis les années 1980", rappelle une étude d'Oxford Economics, citée par le média américain CBS.

Politique anti-immigration de Trump

Le nombre d'immigrés avait atteint un record en début d'année (53,3 millions de personnes, soit 15,8% de la population totale). Les États-Unis ont été confrontés à une importante vague de migrations depuis 2020.

11 millions de personnes sont arrivées dans le pays en cinq ans, dont 3 millions pour la seule année 2023, alors que la situation économique et sécuritaire s'est nettement dégradée dans certains États d'Amérique latine comme le Venezuela ou le Honduras.

Donald Trump a en partie été réélu sur la promesse d'expulser les immigrés clandestins et s'est félicité de cette diminution de l'immigration.

"Promesses faites. Promesses tenues. Migration nette négative pour la première fois en 50 ans !", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social début août.

Depuis son retour à la Maison Blanche, le président américain a nettement durci les règles en matière d'immigration et des campagnes d'arrestations sont menées dans le pays à l'encontre des personnes en situation irrégulière.

Son administration a notamment mis fin au statut mis en place par Joe Biden pour permettre à 500.000 migrants sud-américains de résider légalement dans le pays.

"Les effets de ces politiques restent à déterminer, mais elles contribuent déjà au déclin de la population immigrée, notamment des immigrants sans papiers", observe le Pew Research Center.

En parallèle, le taux de natalité a atteint un niveau historiquement bas en 2023 (1,62 enfant par femme contre 1,66 en France) alors que la population américaine est désormais en voie de vieillissement avancé.

Pierre Lann