Hausse des prix, droits de douane, expulsion des clandestins... Trump est-il vraiment le "président des travailleurs" ?

Donald Trump durant sa campagne présidentielle derrière le comptoir d'un restaurant McDonald's le 20 octobre 2024 à Feasterville-Trevose, en Pennsylvanie. - AFP
Le secrétaire général de la confédération internationale des syndicats Luc Triangle s'inquiète dans un entretien avec l'AFP des risques de guerre commerciale avec le retour à la Maison Blanche de Trump, qui "n'a pas été le président des travailleurs" durant son premier mandat.
"Je ne pense pas qu'il avait conscience de ce qu'il a fait pendant ses quatre premières années. Il n'a pas été le président des travailleurs", a critiqué Luc Triangle, interrogé en marge du Forum économique de Davos.
Ce rendez-vous où des grands patrons côtoient durant une semaine des dirigeants politiques dans une station huppée des Grisons s'est ouvert lundi, le jour de l'intronisation du 47e président américain à Washington.
Après un premier mandat présidentiel marqué par l'imposition de droits de douane à ses principaux partenaires commerciaux, Donald Trump a promis lundi d'augmenter les taxes sur les produits entrant aux États-Unis "pour enrichir nos citoyens". Cela devrait commencer par des surtaxes "de l'ordre de 25%" pour les produits mexicains et canadiens, a-t-il précisé, ajoutant qu'il pensait à une entrée en vigueur au 1er février.
Cette politique, qui risque d'être étendue à toute une série d'autres pays, pourrait avoir de lourdes conséquences pour les travailleurs, prévient Luc Triangle.
"Une guerre commerciale n'est pour personne une bonne solution. Elle crée de l'incertitude, elle a des effets sur les entreprises, sur les emplois", a détaillé Luc Triangle.
Attaque sur le pouvoir d'achat
Selon la plupart des économistes, les principales mesures économiques de Donald Trump, au premier rang desquelles la hausse des droits de douane ou des expulsions massives de travailleurs clandestins, risque de renchérir les prix des produits aux États-Unis et par effet de ricochet ailleurs dans le monde, pesant sur le pouvoir d'achat des consommateurs si les salaires ne suivent pas.
Le centre de réflexion américain Peterson Institute (PIIE) a évalué que, dans un scénario noir, l'inflation aux Etats-Unis pourrait ainsi être augmentée de 7 points de pourcentage d'ici à 2026 par rapport à 2024.
"L'inflation est toujours une attaque sur le pouvoir d'achat car les travailleurs ne sont dans presque aucun pays compensés du niveau de l'inflation", a encore dit Luc Triangle, prévenant toutefois que "nous verrons les actions concrètes qu'il prendra".
"Il parle avec un langage simpliste, très facile à comprendre mais sloganesque", a poursuivi le syndicaliste.
Selon lui, "Joe Biden a réalisé un travail remarquable. Il a été le président américain le plus focalisé sur l'intérêt des travailleurs dans l'histoire".
Le retour au pouvoir de Donald Trump, soutenu par les hommes les plus riches de la planète qui étaient lundi à sa cérémonie d'investiture, fait aussi craindre une hausse des inégalités, déjà constatée dans un rapport lundi de l'ONG Oxfam montrant que la fortune des plus riches s'est envolée l'an dernier de 2.000 milliards de dollars.
"Les travailleurs n'obtiennent pas leur juste part de la richesse qu'ils ont contribué à créer, ce n'est pas soutenable. Cela ne permet pas de créer une société stable pour le futur. Nous risquons de connaître une explosion de l'insatisfaction dans le monde", s'est inquiété Luc Triangle.
