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"Un danger mortel pour certains industriels": le ministre Marc Ferracci confirme que la France veut "changer de méthode" face à Trump

Le ministre français de l'Industrie et de l'Energie, Marc Ferracci, quitte le Palais de l'Elysée, à Paris, le 9 avril 2025

Le ministre français de l'Industrie et de l'Energie, Marc Ferracci, quitte le Palais de l'Elysée, à Paris, le 9 avril 2025 - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

Le gouvernement français pousse ses partenaires européens à durcir le ton vis à vis de Donald Trump, alors que les États-Unis poussent pour conclure un accord particulièrement défavorable à l'UE.

"Nous devons changer de méthode (...) pour se mettre dans une posture de négociation plus ferme et plus crédible", a indiqué le ministre de l'Industrie et de l'Énergie, ce mardi 22 juillet, alors que les discussions se poursuivent entre la Commission européenne et les États-Unis sur les droits de douane.

"Depuis trois mois, les négociations n'ont pas abouti au résultat escompté, la position américaine s'est même durcie", a expliqué le ministre, alors que le gouvernement français pousse ses partenaires européens à durcir le ton face à Donald Trump. "Les positions en Europe tendent à évoluer", a constaté Marc Ferracci.

Donald Trump a menacé l'UE d'imposer des taxes douanières de 30% sur les produits européens. Bruxelles espère toujours parvenir à un accord, mais Donald Trump exige pour cela de nouvelles concessions alors que l'UE espérait au départ s'en sortir avec un taux de 10% sur la plupart des produits et des exemptions dans certains secteurs clés comme l'aéronautique ou l'automobile.

Ripostes

"Les États-Unis cherchent un accord asymétrique", a rappelé le ministre, en mettant en garde contre les conséquences possibles pour l'industrie française. "Certaines filières industrielles ont parlé d'un danger mortel. Des droits de douane à 30% auraient des conséquences absolument dramatiques sur l'ensemble des chaînes de valeur", a estimé Marc Ferracci.

"Nous avons dit qu'il fallait déclencher un certain nombre de ripostes dans l'hypothèse où un accord ne serait pas trouvé d'ici au 1er août", a ajouté le ministre.

Un premier plan de contre-mesures a déjà été approuvé. Il prévoit des barrières douanières relevées pour 21 milliards d'euros de produits américains, comme le soja ou la volaille. Son entrée en vigueur a été suspendue jusqu'à la fin de la négociation, prévue à ce stade au début du mois d'août.

Un autre plan, portant sur 72 milliards d'euros supplémentaires, a également été préparé. Il ciblerait notamment les avions de Boeing.

Parmi les Vingt-Sept, la France suggère également l'utilisation de "l'instrument anti-coercition", créé en 2023. Marc Ferracci a indiqué que cela pourrait déclencher "des contrôles à l'export ou des restrictions à la publicité en ligne pour les plateformes numériques".

Rencontre à Berlin

Emmanuel Macron doit se rendre à Berlin ce mercredi, pour y rencontrer Friedrich Merz. Depuis le début des négociations, le chancelier allemand a plutôt insisté pour conclure un accord rapidement, quitte à accorder de douloureuses concessions à Donald Trump.

Contrairement à la France, l'Allemagne a un excédent commercial important sur les biens vis à vis des États-Unis. Dépendante des exportations industrielles, l'économie allemande craint une escalade de la guerre commerciale.

"Sans représailles, le coût du protectionnisme américain est pour les États-Unis faible, proche de zéro. Avec les représailles européennes, ce coût devient significatif pour les États-Unis, même si le dommage reste au final deux fois plus élevé pour l’Union européenne", relevait toutefois le Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales) dans une note publiée en mai dernier.

Pierre Lann