Tous unis contre Trump? L'UE veut changer de méthode et pourrait se coordonner avec deux autres grands pays

Emmanuel Macron, Donald Trump et le Premier ministre canadien Mark Carney au Canada lors du G7 le 16 juin 2025 - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
S'unir pour mieux faire pression. C'est une piste sur laquelle l'Union Européenne serait en train d'avancer pour s'opposer aux hausses de droits de douanes de 30% décrétés ce samedi par Donald Trump.
Selon une indiscrétion de Bloomberg, Bruxelles se prépare à intensifier son engagement avec d'autres pays touchés par les tarifs douaniers de Donald Trump à la suite d'une série de nouvelles menaces contre le bloc et d'autres partenaires commerciaux des États-Unis.
"Les contacts avec des pays comme le Canada et le Japon pourraient inclure un potentiel de coordination, ont déclaré les personnes, qui ont parlé sous couvert d'anonymat pour discuter de délibérations privées", indique l'article.
Cette semaine, la commissaire européenne à la concurrence, Teresa Ribera, se rend en en Inde pour approfondir la relation avec de nouveaux accords commerciaux et doit faire d'autres haltes dans des pays de la région Asie-Pacifique.
"Nous devons explorer avec d'autres pays jusqu'où nous pouvons aller dans la région Pacifique", a-t-elle sobrement déclaré la commissaire à Bloomberg TV depuis Pékin.
Ces discussions avec de nouveaux partenaires pourraient-elles aboutir à des contre-mesures communes pour accentuer la pression sur le président américain? Il semblerait plutôt qu'il s'agisse ici de renforcer les échanges commerciaux entre ces différents blocs. Autrement dit d'accroître le libre-échange au sein du bloc occidental sanctionné par les droits de douane de Donald Trump.
"Changer de méthode"
L'Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les Etats-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer le 1er août des droits de douane de 30%, mais la patience s'amenuise, ont indiqué lundi le négociateur en chef de l'UE et des ministres européens du Commerce.
"J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable", a déclaré le commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic.
Mais, a-t-il ajouté, "nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique".
La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.
"L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment", a souligné Maros Sefcovic.
"Aucun tabou"
"Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode", a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir "aucun tabou", a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles.
"Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit: 'si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre'", a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.
La présidente de la Commission européenne - qui négocie au nom des Etats membres de l'UE -, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les Etats-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE.
Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux.
"Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août", a déclaré Ursula von der Leyen.
Des diplomates ont néanmoins souligné qu'un paquet de mesures de représailles supplémentaires serait présenté aux ministres lundi, mesures qui pourraient être mises en oeuvre si Donald Trump optait effectivement pour des taxes de 30% sur les importations en provenance de l'Union européenne.
100 milliards d'euros
L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient - quand bien même un diplomate a laissé entendre que la liste finale avait été réduite à une valeur de 72 milliards.
Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.
Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à "défendre résolument les intérêts européens" et à "accélérer la préparation de contre-mesures crédibles".
Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Ursula von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer "intensivement" pour tenter d'arriver à une solution.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une "guerre commerciale" au sein du monde occidental.
"L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours", a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington.