"S'ils veulent la guerre, ils l'auront": l'UE prépare sa riposte alors que les négociations commerciales s'embourbent

Ursula von der Leyen et Donald Trump. - JOHN THYS, NICHOLAS KAMM
Les négociations commerciales ne progressent pas dans un sens favorable à l'Union européenne selon Bloomberg, deux semaines après que Donald Trump ait menacé d'imposer des taxes douanières de 30% sur les exportations du bloc vers les États-Unis à partir du 1er août.
Bruxelles espère toujours parvenir à un accord, mais Donald Trump exige pour cela de nouvelles concessions alors que l'UE espérait au départ s'en sortir avec un taux de 10% sur la plupart des produits et des exemptions dans certains secteurs clés comme l'aéronautique ou l'automobile.
Le tarif de base pourrait désormais être supérieur à 10%. Selon le Wall Street Journal (WSJ), les dernières discussions tournent autour d'une barrière douanière de 15% ou plus, alors que les exemptions seraient limitées à la portion congrue.
L'Allemagne, qui plaidait plutôt pour trouver un accord rapide en ne fâchant pas trop l'allié américain, durcit le ton selon le WSJ et se rapproche de la position française, moins accomodante avec les desideratas du président Trump.
"Nous continuons à tendre la main, mais nous ne ferons pas tout ce qu'on nous demande", a estimé le ministre des Finances allemand Lars Klingbeil, lors d'une conférence de presse avec Éric Lombard près de Berlin.
"S'ils veulent la guerre, ils l'auront", a déclaré un responsable allemand au journal américain, alors que les États-Unis ne souhaiteraient pas d'allègement de taxes sur les automobiles. Elles s'élèvent actuellement à 25%. L'Allemagne serait ainsi tentée de se rapprocher de la position de la France qui appelle depuis quelques jours à hausser le ton et à menacer l'Amérique de représailles très dures avec le "bazooka" commercial.
Confrontée à des difficultés croissantes sur le marché chinois, l'industrie allemande est de plus en plus dépendante de États-Unis, son premier client, auprès de qui elle a dégagé un excédent commercial record l'an passé (71,4 milliards d'euros). Donald Trump justifie sa politique protectionniste en pointant l'ampleur de cet excédent et fait pression sur les industriels européens pour qu'ils installent leurs usines en Amérique.
Instrument anti-coercition
Alors que les tentatives d'apaisement n'ont pas permis d'apaiser la fureur de la Maison Blanche, de plus en plus de responsables s'attendent donc à ce que l'UE risposte.
Un premier plan de contre-mesures a déjà été approuvé. Il prévoit des barrières douanières relevées pour 21 milliards d'euros de produits américains, comme le soja ou la volaille. Son entrée en vigueur a été suspendue jusqu'à la fin de la négociation, prévue à ce stade au début du mois d'août.
Un autre plan, portant sur 72 milliards d'euros supplémentaires, a également été préparé. Il ciblerait notamment les avions de Boeing.
De l'autre côté, l'UE juge que les barrières douanières américaines portent sur 380 milliards d'euros de produits européens.
Certains États comme la France poussent pour activer l'"instrument anti-coercition" pour aller plus loin, et restreindre l'accès aux marchés publics européens ou bloquer certains investissements. Une réunion doit se tenir cette semaine entre les responsables des 27 pour se préparer à la possibilité d'un échec des négociations.