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Rencontre entre Trump et Netanyahou: la trêve au Moyen-Orient en jeu à Washington?

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LE MONDE QUI BOUGE. Donald Trump reçoit mardi Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche. Alors que doivent débuter des négociations cruciales pour la paix à Gaza.

C’est le premier dirigeant étranger à être reçu par Donald Trump depuis son investiture. Benjamin Netanyahou en est fier. "C'est un témoignage de la force de l'alliance israélo-américaine," a-t-il lancé avant son départ.

Lundi, le premier ministre israélien a rencontré Steve Witkoff, l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient qui l’a enjoint, si ce n’est contraint, d’accepter l’accord de cessez-le-feu.

Selon les termes du texte, c’était lundi au plus tard que devait débuter la phase 2 des négociations. Celle qui doit mener à la libération de tous les autres otages et à une paix durable. Mais le chef du gouvernement israélien en a décidé autrement. Les négociations commenceront à Washington aujourd’hui, lors de sa rencontre avec le président américain.

Pour Gershon Baskin, ex-négociateur israélien, il s’agit là d’une "violation claire" des termes. "L’état hébreux exige que le Hamas respecte toutes les clauses de l’accord, tout en le violant de manière significative. Une fois de plus, Netanyahou abandonne les otages et les met en danger", dit-il.

Une trêve fragile

Les négociations sont-elles pour autant mal engagées? Donald Trump, qui a fait pression pour qu’un accord soit conclu avant son investiture, ne fait pas preuve d’optimisme.

"Je n'ai aucune garantie que la paix va tenir", a-t-il déclaré lundi.

Son insistance pour que la Jordanie et l’Égypte accueillent 1,5 millions de Gazaouis continue de semer le trouble quant à ses intentions. Mais tout cela ne veut pas dire qu’il ne fera pas pression sur Netanyahou pour que la trêve perdure.

Caroline Loyer : Trump/Netanyahou, deux agendas divergeant - 04/02
Caroline Loyer : Trump/Netanyahou, deux agendas divergeant - 04/02
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Selon son entourage, ce dernier veut savoir quelle est la position de Donald Trump pour la suite avant de se prononcer. En quittant Israël, il a jugé qu'en "travaillant étroitement" avec le président américain, il serait possible "de redessiner encore davantage" la carte du Moyen-Orient.

Mais sera-t-il soutenu dans sa démarche par Washington? Lundi, lorsqu’un journaliste lui a demandé s'il était favorable à une annexion de la Cisjordanie, Donald Trump a refusé de répondre.

Position d’équilibriste

L’incertitude plane d’autant plus sur l’avenir de l’accord que les deux hommes ont des agendas bien différents. Netanyahou a pour priorité de se maintenir au pouvoir et de contenter sa coalition. La pression de ses partenaires d'extrême droite est grande. Ils veulent reprendre la guerre à Gaza dès la fin de la première phase de l'accord début mars. Le cas échéant, le ministre des Finances menace de quitter le gouvernement, ce qui priverait Netanyahu de sa majorité…

Pour Eldad Shavit, un ancien responsable des services de renseignement israélien, le premier ministre est dans une position d’équilibriste difficilement tenable.

"Il veut s'assurer que Trump est de son côté, tout en s'assurant que son gouvernement ne s'effondre pas", dit-il.

Donald Trump, pour des considérations stratégiques et commerciales plus qu’humanitaires, veut la paix à Gaza ou du moins le "calme". Pourquoi? Parce que sans cela, il ne pourra pas poursuivre sa politique d'élargissement des accords d'Abraham à l'Arabie saoudite.

Ryad, qui a accusé Israël de commettre un génocide à Gaza, conditionne toute normalisation des relations à des progrès tangibles vers une solution à deux États. Ce que refuse Netanyahou.

Les deux "meilleurs amis", comme ils se surnomment, parviendront-il à s’entendre? Le premier ministre israélien qui devait rester jusqu’à jeudi à prolongé sa visite de trois jours.

Caroline Loyer