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"Que ça ne s'aggrave pas davantage": à 13 jours de l'ultimatum de Trump, les dirigeants européens veulent un accord rapide sur les droits de douane

Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 mai 2025.

Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz lors d'une conférence de presse au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 mai 2025. - Ludovic MARIN / POOL / AFP

La plupart des dirigeants européens semblent à ce stade pencher pour un accord rapide, pensant que cela pourrait apaiser Donald Trump.

C'est une journée importante. Les dirigeants de l'Union européenne, réunis en sommet à Bruxelles, doivent indiquer ce jeudi 26 juin à la Commission européenne s'ils souhaitent conclure rapidement un accord commercial avec les États-Unis, au prix de conditions plus favorables à Washington, ou s'ils veulent durcir le bras de fer dans l'espoir d'obtenir davantage.

A ce stade, la plupart des dirigeants de l'UE semblent pencher pour un accord rapide, car le bloc pourrait alors tenter d'adopter des mesures pour rééquilibrer ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis, selon des fonctionnaires et des diplomates.

La Commission, qui négocie les accords commerciaux au nom de l'UE, va demander aux dirigeants des 27 États membres réunis à Bruxelles comment ils souhaitent répondre à la date limite du 9 juillet, dans moins de deux semaines, fixée par le président américain Donald Trump pour la conclusion d'un accord.

L'UE a précédemment déclaré qu'elle visait un accord mutuellement bénéfique, mais étant donné que Washington semble vouloir maintenir ses droits de douane de 10% sur la plupart de ses produits et menace de les relever si les négociations se prolongent, un nombre croissant de pays du bloc sont désormais favorables à une résolution rapide, selon des diplomates européens.

"Il est dans l'intérêt de tous que le conflit commercial avec les États-Unis ne s'aggrave pas davantage", a déclaré mardi le chancelier allemand Friedrich Merz devant la chambre basse du Parlement allemand.

"Je sais que la Commission européenne négocie avec beaucoup de prudence à cet égard et qu'elle a tout notre soutien. J'espère que nous parviendrons à une solution avec les États-Unis d'ici le début du mois de juillet", a-t-il ajouté, après avoir considéré plus tôt que la stratégie de l'UE était "trop compliquée".

Une majorité cherche l'apaisement

L'UE est déjà confrontée à des droits de douane américains de 50% sur l'acier et l'aluminium, de 25% sur les voitures et les pièces détachées, ainsi qu'à des prélèvements similaires de 10% sur la plupart de ses autres produits, que Donald Trump a menacé de porter à 50% en l'absence d'accord.

Le seul accord commercial conclu par les États-Unis à ce jour l'a été avec la Grande-Bretagne, avec des droits de douane de 10% toujours en vigueur.

Les responsables américains affirment qu'aucun partenaire commercial ne verra ses droits de douane baisser. Alors que quelque 23 dirigeants arriveront à Bruxelles directement après le sommet de l'Otan à La Haye, peu d'entre eux voudront faire suivre l'accord d'augmentation des dépenses annuelles de défense des pays de l'alliance, conclu la veille, d'une guerre économique.

"Un groupe de pays de l'UE souhaite protéger les entreprises en acceptant apparemment ce à quoi elles se sont habituées, à savoir une base de 10%", a déclaré un diplomate européen.

La question demeure de savoir si l'UE doit répondre par ses propres mesures à cette base de 10%. "Nous sommes également préparés à cette éventualité avec une série d'options", a déclaré Friedrich Merz.

Possibles représailles

L'UE a décidé d'imposer des droits de douane sur 21 milliards d'euros de produits américains, sans toutefois les appliquer. Alors qu'elle débat actuellement d'une série de taxes supplémentaires pouvant concerner jusqu'à 95 milliards d'euros d'importations américaines, certains Etats membres sont favorables à un assouplissement.

"La Commission a déclaré à juste titre que certains États membres rognent trop les mesures de rééquilibrage proposées, ce qui risque d'en affaiblir la portée", a déclaré un diplomate.

Parmi les options figure une taxe sur la publicité numérique qui frapperait des géants américains tels que Google, Meta, Apple, X ou Microsoft et réduirait l'excédent commercial des États-Unis avec l'UE dans le domaine des services. L'UE a de son côté un excédent commercial avec les États-Unis dans le domaine des biens.

P.L avec Reuters