"On ne met pas 100 jours pour faire un tel investissement": pour Thierry Breton, les milliards annoncés par Trump sont "l'héritage" de Biden

Donald Trump a-t-il gagné son pari d'attirer les entreprises étrangères sur le sol américain? Dernière annonce en date, le groupe pharmaceutique français Sanofi a indiqué qu'il avait l'intention d'investir "au moins 20 milliards de dollars aux États-Unis d'ici 2030" pour augmenter significativement ses dépenses de recherche et développement et sa capacité de production outre-Atlantique. D'autres entreprises, comme le géant taïwanais des puces électroniques TSMC, ont également annoncé des des projets d'investissement dans les derniers mois.
Les projets d'investissements aux États-Unis récemment annoncés "ne sont pas nés en un claquement de doigts", a expliqué ce jeudi matin l'ancien commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, sur BFMTV-RMC.
"Donald Trump est maintenant en place depuis 100 jours. On ne met pas 100 jours pour mettre en place une décision d'investissement, surtout des investissement de cette nature", a-t-il nuancé.
"Pour une entreprise – j'ai été chef d'entreprise – c'est six mois, un an, deux ans" pour prendre une telle décision, a précisé Thierry Breton, pour qui il est "trop tôt" pour parler d'une victoire de Donald Trump. Ces investissements sont "l'héritage de Biden, il faut appeler un chat un chat", a-t-il poursuivi, évoquant le rôle du programme phare du mandat de Joe Biden, "l'Inflation Reduction Act" (IRA) avec ses 370 milliards de dollars de subventions et d'incitations fiscales. Ce programme qui avait "beaucoup choqué" les Européens qui "n'avaient pas été prévenu", a-t-il rappelé.
"Pas des questions fausses"
Donald Trump "pose souvent des questions qui ne sont pas des questions fausses", a affirmé l'ex-commissaire européen. "Quand il dit que les États-Unis étaient devenus trop dépendants de la Chine, c'est vrai. Quand il dit que les États-Unis se sont trop désindustrialisés, il faut voir ce qu'il se passe dans la 'Rust belt' [ceinture de la rouille, en français]", le surnom donné à la région industrielle du nord-est des États-Unis touchée par un déclin industriel, a-t-il énuméré. Mais "la méthode" du président américain, "on peut la critiquer", selon lui.
Au début du mois d'avril, Emmanuel Macron avait réagi aux nouveaux droits de douane américains en demandant aux entreprises françaises de "suspendre" leurs investissements aux États-Unis. "Il y a le rythme et la vie des entreprises, et puis il y a les rythmes politiques, il faut faire très attention à ne pas mêler les deux", a observé Thierry Breton.