Même le promoteur du Brexit Nigel Farage a pris ses distances avec le mouvement: l'ombre des trumpiste plane sur la manifestation de l'extrême droite à Londres

“Unite the Kingdom”: il faut unir un Royaume de plus en plus fracturé par la question migratoire. C’est le slogan de Tommy Robinson, sulfureux personnage d'ultra-droite qui veut défendre son pays de l’immigration illégale, qu’il considère comme une véritable invasion. S'il se définit comme journaliste, Tommy Robinson ressemble plus à un influenceur, voire à un agitateur avec parfois même des accents complotistes et violents. Issu de la mouvance hooligan, Robinson a purgé plusieurs peines de prisons, notamment pour propos diffamatoires et troubles à l’ordre public.
Malgré le fait que ses positions soient si extrêmes que même le leader de droite radicale Nigel Farage a décidé de prendre ses distances, Tommy Robinson arrive à parler à toute une partie de Britanniques et il est devenu l'une des voix les plus influentes de l'extrême droite dans le pays.
Elon Musk en soutien
Derrière les slogans et les drapeaux, une autre réalité se dessine: l’importation des codes du trumpisme et du mouvement MAGA (Make America Great Again) dans le paysage politique britannique. Tommy Robinson reprend en effet tous les codes du Trumpisme, à commencer par le slogan "Make England Great Again", un clin d'oeil assumé.
Si la proximité idéologique entre les deux mouvements est si forte, c'est aussi grâce aux personnalités de premier plan qui jouent un rôle de caisse de résonance. C'est le cas d'Elon Musk, qui depuis des années soutient Tommy Robinson. C'est même lui qui a redonné de la visibilité en réintégrant le militant d'extrême droite sur X (ex-twitter), duquel il avait été banni. Le patron de Tesla s’est d'ailleurs exprimé pendant le défilé, via vidéo. Il a appelé à une “dissolution du Parlement" et à un "changement de gouvernement", avant d'alerter les Britanniques:
"La violence arrive", “c’est le moment de décider s'il faut se battre ou mourir”, a conclu le patron de Tesla, selon qui l'immigration illégale ouvre la voie à une guerre civile entre population "autochtone" et immigrés.
La gestion des frontières au coeur de la contestation politique
L’immigration illégale est en effet en forte hausse au Royaume-Uni. Plus de 111.000 personnes ont déposé une demande d’asile au cours des douze derniers mois, un niveau jamais atteint auparavant. Près de 40% d’entre elles sont arrivées après avoir traversé la Manche à bord de petites embarcations, soit environ 28.000 migrants depuis le début de l’année.
Cette dynamique place le gouvernement travailliste de Keir Starmer sous pression. Ce ne sont pas les failles du système de santé ou les difficultés économiques qui cristallisent aujourd’hui la contestation, mais bien la gestion des frontières. A la pression de l'opposition, qui accuse le Premier ministre d’avoir perdu le contrôle de la situation, s'ajoute celle d'une partie de plus en plus importante de la population, qui exprime désormais son mécontentement dans la rue.