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La WWF veut lancer un "codex" environnemental pour le commerce agricole

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Pour ce nouveau chantier de normes environnementales appliquées au commerce agricole, la WWF souhaite s'inspirer du "codex alimentarius" de l'ONU et l'OMS.

Comment réduire la pression sur les ressources et demain nourrir la planète? Le Fonds mondial pour la nature (WWF) propose de lancer le grand chantier des normes environnementales pour le commerce agricole, sur le modèle des normes de sécurité alimentaire convenu depuis des décennies.

"Codex planetarius"

Ce "codex planetarius" s'inspirerait du "codex alimentarius", programme de l'ONU (FAO-OMS) installé en 1963. Ce recueil de normes sanitaires des aliments, fondées sur des évaluations scientifiques indépendantes et évolutives, sert aujourd'hui de référence dans le cadre notamment de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le futur "codex" environnemental pourrait se concentrer sur 6 à 8 normes de performance minimale des produits (prélèvements d'eau douce, préservation des sols, respect de la biodiversité etc), explique Jason Clay, directeur de l'Institut des marchés au WWF.

L'objectif serait de viser les 10-20% de producteurs générant à eux seuls 60% à 80% des impacts environnementaux, suggèrent ces travaux conduits par le WWF en coordination avec le programme sur les systèmes alimentaires (Folur) de la Banque mondiale.

Ces normes pourraient trouver leur application dans le cadre des accords de commerce (restriction sur les capacités d'exportation en cas de non-respect), alors que depuis 2000 les exportations ont doublé et représentent aujourd'hui 30% de la production agricole mondiale.

"Pousser le monde à fixer des normes"

Les modes de production agricole affectent massivement l'environnement (l'état des sols et de la nature environnante, la ressource en eau, le climat, ...), souligne Jason Clay: "si nous continuons comme ça, alors que nous attendons 1,5 milliard d'humains supplémentaires, nous ne serons pas capables de produire la nourriture nécessaire".

Le WWF a commissionné auprès de chercheurs spécialisés des analyses sur les différents impacts environnementaux, leur mesure, les cultures prioritaires (boeuf, soja, maïs etc)... Attendues d'ici l'an prochain, elles seront soumises aux commentaires de centaines de spécialistes et parties prenantes, explique-t-on.

Mais "ce sera aux gouvernements" de poursuivre, souligne Jason Clay. "Nous lançons la conversation. Nous ne tentons pas de fixer des normes pour le monde, nous tentons de pousser le monde à fixer des normes."

Il n'écarte pas le fait qu'installer un consensus général sur le sujet puisse prendre "des décennies", mais il relève l'intérêt que montrent selon lui des pays comme le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande...

"Il est inévitable que cela se fasse (...) L'idée est que des Etats commencent à intégrer cela dans des accords bilatéraux, avant d'approcher certains accords multilatéraux. Quand les pays verront l'intérêt, ils pourront en convaincre d'autres."

P. B. avec AFP