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"L'instabilité, voire pire": alors que l'ombre de Trump plane sur la Fed, Christine Lagarde alerte sur une remise en cause de l'indépendance "cruciale" d'une banque centrale

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse au siège de la BCE à Francfort,  le 14 septembre 2023 (photo d'illustration).

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse au siège de la BCE à Francfort, le 14 septembre 2023 (photo d'illustration). - Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Lors d'un entretien avec la chaîne américaine Fox News, Christine Lagarde a estimé qu'il était "crucial" de maintenir l'indépendance d'une banque centrale.

Alors que Donald Trump ne retient pas ses coups contre Jerome Powell, Christine Lagarde a mis en garde contre une remise en cause de l'indépendance de la banque centrale américaine. "L'indépendance de toute banque centrale est d'une importance critique", a affirmé ce dimanche la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) dans un entretien avec la chaîne de télévision américaine Fox News, interrogée sur les remous au sein de la Réserve fédérale américain (Fed) ces derniers mois.

"Nous devons rendre des comptes et répondre à toutes les questions du Congrès américain ou du Parlement européen. Mais il est d'une importance vitale qu'une banque centrale soit indépendante", a déclaré Christine Lagarde.
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Évoquant ses années à la tête du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde a assuré avoir "vu de près ce qui se passe lorsqu'une banque centrale cesse d'être indépendante ou lorsque son indépendance est menacée". "Elle devient dysfonctionnelle et commence à faire des choses qu'elle ne devrait pas faire. La prochaine étape est la perturbation, l'instabilité, voire pire. Je pense donc que cela ne devrait pas être débattu", a-t-elle poursuivi, s'exprimant en marge des rencontres annuelles de Jackson Hole, auxquelles participait aussi son homologue de la Fed, Jerome Powell.

Taux directeurs américains

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump ne cesse de réclamer une diminution des taux d'intérêt de la Fed, qui se répercutent sur les coûts d'emprunt et la marche de l'économie. Le président américain attaque sans relâche Jerome Powell, dans l'espoir d'accélérer son départ de l'institution et espère le remplacer par une personne plus proche de ses idées. Le mandat du patron de la Fed, en théorie quasiment inamovible, court jusqu'au printemps 2026.

Jerome Powell n'est toutefois pas seul à fixer les taux directeurs américains. De ce fait, Donald Trump cherche aussi à remodeler le reste du comité de la Fed, afin d'y placer des personnes davantage en phase avec sa vision de l'économie. Ce vendredi, il a assuré qu'il était prêt à destituer l'une des gouverneures de la Fed, Lisa Cook, si elle ne démissionnait pas elle-même, alors qu'elle est accusée par le camp républicain d'avoir falsifié des documents pour obtenir un prêt immobilier.

Donald a déjà profité de la démission d'une autre responsable de la Fed, Adriana Kugler, pour nommer un de ses proches conseillers économiques, Stephen Miran, avant le renouvellement prévu pour ce poste en janvier prochain. Stephen Miran conseillait jusqu'ici le président américain et défendait sa politique économique dans les médias.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV