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En plus de "céder" Tiktok, la Chine fait miroiter 1.000 milliards de dollars à Trump contre des concessions "massives"

Les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping, lors d'une rencontre à Pékin le 9 novembre 2017.

Les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping, lors d'une rencontre à Pékin le 9 novembre 2017. - Nicolas ASFOURI © 2019 AFP

Pékin fait pression sur Washington pour obtenir la levée des restrictions sur les investissements chinois aux États-Unis, selon Bloomberg. Cette perspective fait bondir les partisans d'une ligne dure face à Xi Jinping.

Et si Donald Trump finissait, vraiment, par toujours se dégonfler? Les partisans américains d'une ligne dure face à la Chine le craignent. Ces derniers redoutent que Donald Trump, qui a furieusement déclenché une nouvelle guerre commerciale avec Pékin au printemps, finisse par signer la paix avec Xi Jinping dans les prochains jours en ouvrant à nouveau les vannes aux investissements chinois sur le sol américain. Cela pourrait renverser totalement la stratégie adoptée par les États-Unis depuis près de dix ans.

Selon les informations de Bloomberg, Pékin a appâté le président républicain avec la perspective d'un gigantesque plan d'investissement - une source parle de 1.000 milliards de dollars - lors des négociations qui se sont tenues mi-septembre à Madrid. Les contours d'un accord-cadre, dont le contenu est très obscur, y ont été dessinés entre les deux parties. Les États-Unis ont, jusqu'ici, surtout communiqué sur l'un des aspects: la vente de la filiale américaine de Tiktok à des soutiens de Donald Trump.

La grande question est de savoir ce que Xi Jinping va obtenir en contrepartie de ce deal, alors que les deux leaders pourraient bientôt se rencontrer et dévoiler un accord final. Selon Bloomberg, Pékin fait pression pour que la Maison Blanche lève les restrictions imposées sur les investissements chinois aux États-Unis. Pour des raisons de "sécurité nationale", ceux-ci ont été considérablement restreints, passant de 57 milliards de dollars en 2016 à seulement 2 milliards de dollars cette année.

Les négociateurs chinois exigent également que les États-Unis abaissent les droits de douane sur les intrants utilisés par les usines chinoises sur le sol américain. En analysant les déclarations des officiels chinois, le journaliste chinois Zichen Wang, auteur d'une newsletter très suivie par les observateurs occidentaux de la Chine, est parvenu à la même conclusion que Bloomberg: "Pékin échange Tiktok contre la levée des barrières à l’investissement de Washington."

Les faucons s'insurgent

Cette perspective a fait bondir de nombreux parlementaires américains, alors que la limitation des investissements chinois fait l'objet d'un consensus politique aux États-Unis depuis 2016. D'autant que Donald Trump avait, jusqu'ici, montré les muscles face à Xi Jinping. "La Chine a instrumentalisé son marché et ses entreprises contre nous pendant des décennies, et nous ne pouvons pas permettre à ces entreprises d'accéder davantage à notre économie", s'est insurgé le député républicain John Moolenaar.

"La Maison Blanche semble ignorer que sa politique TikTok et l'assouplissement des restrictions sur les exportations de puces électroniques constituent des concessions massives et unilatérales au Parti communiste chinois", a estimé Matthew Pottinger, qui conseillait Trump lors de son premier mandat.

"Comment le président pourrait-il seulement envisager un accord qui confierait une plus grande part de notre économie à Xi Jinping? Trump devrait mettre un terme à l'oppression chinoise des agriculteurs américains, déjà victimes de ses droits de douane. Au lieu de cela, il négocie leur reddition", tacle la sénatrice Élisabeth Warren tacle sur X.

Cette annonce intervient en effet au moment où de nombreux agriculteurs américains se trouvent au bord de la faillite. Pour riposter aux droits de douane imposés par Donald Trump, Pékin a considérablement réduit ses importations agricoles en provenance des États-Unis, faisant particulièrement pression sur les producteurs de soja.

Au fond, les partisans de la fermeté face à Pékin, redoutent que la politique étrangère de Donald Trump soit de plus en plus orientée par les intérêts des magnats de la tech. Bloomberg note que le patron de Nvidia, qui cherche à exporter ses puces en Chine, exerce actuellement une "influence considérable" sur le président américain.

Pierre Lann