Droits de douane américains: quelles sont les conséquences pour l’économie française?

Donald Trump précipite sa guerre commerciale. Dès ce mercredi 9 avril, des nouveaux droits de douane de 20% s'appliqueront aux produits de l'Union européenne entrant sur le sol américain. De même que l'Allemagne, l'Espagne ou la Pologne, la France n'y échappera pas.
"Des pays comme l’Allemagne, l’Italie, sont beaucoup plus impactés, exposés à l’économie américaine", a toutefois expliqué ce jeudi matin Julien Marcilly, chef économiste chez Global Sovereign Advisory, sur BFM Business.
"Leur excédent commercial vis-à-vis des États-Unis représente à peu près 2% de leur PIB", comparativement à un niveau "beaucoup plus faible pour des économies comme la France et l’Espagne", a-t-il précisé.
En 2023, les États-Unis représentaient 7,6% des exportations françaises, soit 45,2 milliards d'euros, selon les données de la Direction générale du Trésor. Le pays était ainsi le quatrième client de la France, derrière l'Allemagne, l'Italie et la Belgique.
Les exportations étaient soutenues par l’aéronautique (7,9 milliards d'euros, soit 17,6 % des exportations totales), les produits pharmaceutiques (4,1 milliards d'euros, pour 9,0 %) – qui échapperont à ces surtaxes douanières – et les boissons (3,9 milliards d'euros, pour 8,7 %), c'est-à-dire les vins et les spiritueux.
Un tiers des spiritueux
Pour ces derniers, les mesures américaines s'annoncent toutefois douloureuses. Amateurs de bordeaux, de champagne et de cognac, les États-Unis sont –de loin– le premier marché étranger pour les vins et les spiritueux français. Avec 3,8 milliards d'euros, le marché américain pesait 24,5% de la valeur totale des exportations françaises en 2024, selon les chiffres annuels de la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS). Pour les seuls spiritueux, dont le cognac, elles s'élevaient à 1,5 milliard d'euros, soit quasiment le tiers (32,9%) des exportations totales.
Réagissant dans un communiqué de presse, la FEVS a déclaré craindre un recul d'environ 800 millions d'euros d'exportations pour les entreprises françaises du secteur viti-vinicole. La décision américaine d'imposer des surtaxes douanières "entraînera des conséquences extrêmement lourdes", a-t-elle prévenu, évoquant un "impact énorme sur l'emploi et l'économie du secteur".
Autre secteur concerné, les produits laitiers ne cachent pas leur inquiétude. Ce jeudi matin sur BFM Business, le directeur général de la Fédération nationale de l'industrie laitière (Fnil), François-Xavier Huard, a regretté "une mauvaise nouvelle" et s'est interrogé sur les "incohérences" des annonces américaines. Les exportations de produits laitiers français vers les États-Unis représentent 350 millions d'euros par an, selon la Fnil, qui évoque "un marché qui a doublé en 15 ans".
Un "choc" pour les PME
Invité sur le plateau de BFMTV, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a dénoncé un "choc" pour les petites entreprises.
"Il y a une vraie crainte qu'un tissu économique disparaisse demain", a estimé Amir Reza-Tofighi, pour qui "on a vraiment besoin d'avoir la Nation derrière nos entreprises", plaidant pour des "aides ciblées" sur les entreprises concernées.