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Des droits de douane très bas ou incroyablement élevés: pourquoi les départements d'outre-mer ne sont pas traités comme l'UE

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Considérés comme des territoires tiers sur le plan fiscal, les départements et régions d'outre-mer se verront appliquer un taux différent à celui de 20% annoncé pour l'Union européenne. La surtaxe sera de 10% pour la Réunion ou la Polynésie française, de 50% pour Saint-Pierre-et-Miquelon...

Donald Trump a sorti la mitraillette tarifaire. Mercredi, le président américain a annoncé une offensive protectionniste jamais vu depuis les années 1930 en promettant un droit de douane plancher supplémentaire de 10% sur toutes les importations et des majorations pour les pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.

Les produits chinois feront l'objet d'une nouvelle taxe à l'importation de 34% s'ajoutant aux 20% de droits de douane additionnels déjà en place. Les marchandises de l'UE prendront quant à elles 20% de taxes. La Maison Blanche accorde toutefois un traitement spécifique à certains territoires faisant partie ou étant associés à l'Union européenne. C'est le cas des départements et régions d'outre-mer.

Comme le précise le ministère de l'Économie, les départements et régions d’outre-mer, de même ques les collectivités d'outre-mer, "sont considérés comme des territoires tiers" sur le plan fiscal. Raison pour laquelle les droits de douane qui leur seront appliqués par les États-Unis ne seront pas de la même ampleur que ceux annoncés pour l'Union européenne. Ce sera plus pour certains, moins pour d'autres.

Le principe est le suivant: dès lors que les États-Unis dégagent un excédent commercial avec un territoire, c'est le taux minimal de 10% qui s'applique. Taux qui s'appliquera donc à la Martinique (déficit commercial de 196.4 millions de dollars avec les États-Unis), la Polynésie française (-104.8) ou encore la Guyane française (-27,2%).

37% pour la Réunion, 50% pour Saint-Pierre-et-Miquelon

D'autres seront bien moins lotis et subiront parfois un traitement ubuesque au regard de la réalité de leurs échanges commerciaux avec les États-Unis.

L'administration Trump considère en effet que chaque pays avec lequel les États-Unis enregistrent un déficit commercial doit se voir appliquer des droits de douane majorés. Pour calculer le niveau de ces surtaxes, le déficit commercial enregistré avec le pays ciblé est divisé par le montant des importations américaines en provenance de ce même pays, selon Bloomberg et le New York Times. Donald Trump promettant d'être "gentil", le total est ensuite divisé par 2.

Par exemple, la Réunion a exporté pour 44,1 millions de dollars de marchandises et dégagé un excédent commercial de 32.2 millions de dollars avec les États-Unis en 2024, selon les données américaines. Le taux que l'île se verra appliquer sera donc de 37% ((32,2/44,1)/2).

Mais l'exemple le plus absurde est sans doute celui de Saint-Pierre-et-Miquelon. L'archipel n'a quasiment pas commercé avec les États-Unis en 2024, sauf au mois de juillet ou il a exporté pour 3,4 millions de dollars de produits, toujours selon les données américaines. Une année particulière puisque la balance commerciale entre les deux territoires est quasi-nulle depuis 2014. Qu'importe, le déficit commercial total pour les États-Unis est mesuré à 3,4 millions d'euros. Saint-Pierre-et-Miquelon se verra donc frapper d'un taux de 50% ((3,4/3,4)/2).

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco