Décès d'Elizabeth II: les Britanniques orphelins en pleine crise sociale et économique

"God save the King", que Dieu sauve le Roi... et l'Angleterre. Ce changement de règne ne survient pas vraiment au meilleur moment. Car les nuages s'amoncellent au-dessus du Royaume-Uni: après le Brexit, une pandémie qui l'a lourdement ébranlée, vient le tour de la crise énergétique et du taux d'inflation le plus important, 9%, depuis 1981. Une accumulation de signaux négatifs qui conduit Goldman Sachs à prévoir une récession de l'économie du pays avant la fin de l'année.
La banque d'Angleterre table, elle, sur une contraction d'1,5% du PIB l'année prochaine. Résultat : un stress de plus en plus fort sur les marchés obligataires. Et cette crise économique inédite depuis les années 1950 a de lourdes conséquences sociales.
Crise sociale inégalée depuis 1950
L'extrême pauvreté, définie à 70 livres sterling (80 euros) par semaine pour un adulte seul après le coût du logement, a doublé en Grande-Bretagne depuis la pandémie. Elle est passée de 0,7 % à 1,5 % de l’ensemble des foyers. Deux millions de foyers seraient concernés, soit un million d'enfants d'après le National Institute of Economic and Social Research. Dans certaines régions de Grande-Bretagne, des familles peinent désormais à manger ou à se chauffer.
Les banques alimentaires, comme Amazing Grace, et les organisations caritatives ne désemplissent pas. Dans leurs files d'attente des pères et mères de familles se mélangent désormais aux sans-abri et aux personnes souffrant d'addictions. Des pères et des mères qui travaillent, mais ne peuvent plus subvenir à leurs besoins tant les prix ont augmenté.
Liz Truss succède à Boris Johnson
S'ajoute à cela une crise politique. Après l'administration mouvementée de Boris Johnson, c'est Liz Truss qui lui succède au 10 Downing Street. C'est d'ailleurs la dernière charge officielle qu'Elisabeth II a honoré: la reine les a reçus tous les deux quatre jours plus tôt à Balmoral, sa résidence d'été en Ecosse, et a officialisé la passation de pouvoirs comme le veut la tradition. Liz Truss, toute récente Première ministre, va donc devoir commencer par organiser et gérer les obsèques de la reine défunte, à peine installée à Downing Street.
Le profil de Liz Truss, que l'on surnomme la "nouvelle Margaret Thatcher" et vient d'annoncer un plan d'aide énergétique de 100 milliards d'euros, n'est pas fait pour réconforter les sujets de sa très gracieuse majesté. Qui viennent donc de perdre un symbole rassurant, Elizabeth II, leur reine depuis 70 ans.