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De 200 à 535% du PIB: les projections folles de l’explosion de la dette américaine après la "grande et belle loi" de Trump

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L'endettement des États-Unis pourrait s'accroître, suite à l'adoption de la "grande et belle loi" budgétaire de l'administration Trump.

La "grande et belle loi" budgétaire votée par le Congrès américain privilégie les questions sécuritaires et d'immigration au détriment du social et de l'écologie, mais surtout, elle devrait accroître le déficit du pays. Selon les prévisions du Trésor américain, cité par Reuters, le ratio de la dette américaine au PIB devrait augmenter et atteindre plus de 200% en 2050 et même 535% du PIB d'ici la fin du siècle.

Il y a plusieurs semaines déjà, le CBO, le Bureau budgétaire du Congrès, a estimé que le texte voté se traduirait par des déficits cumulés, augmentant d'autant la dette publique, de l'ordre de 2.400 milliards de dollars d'ici 2034. L'endettement total de la première puissance mondiale se monte aujourd'hui à près de 37.000 milliards de dollars.

Particulièrement critique vis-à-vis du projet de loi budgétaire de Trump au cours des dernières semaines, Elon Musk a aimé un message généré par l'outil d'intelligence artificielle Grok sur son réseau social X peu après l'adoption du texte :

"Imaginez que le gouvernement soit comme une grande famille qui dépense beaucoup plus d'argent qu'elle n'en gagne - 7 dollars pour 5 dollars gagnés. Il emprunte donc beaucoup, et chaque famille doit maintenant environ 230 000 dollars. Bientôt, ce sera 425 000 dollars ! Pour remédier à cette situation, les autorités pourraient supprimer des activités amusantes, augmenter les 'allocations' (impôts) ou imprimer plus d'argent, ce qui réduirait la valeur des dollars. Si l'on n'y remédie pas, les économies de chacun seront mises à mal et la vie deviendra difficile."

Une extension des crédits d'impôt coûteuse

Le texte prévoit en particulier l'extension des crédits d'impôt monumentaux du premier mandat du milliardaire républicain, qui arrivent à expiration à la fin de l'année. Selon différents analystes indépendants, prolonger les énormes crédits d'impôt du premier mandat Trump pourrait accroître le déficit de l'État fédéral de 2.000 milliards à 4.000 milliards de dollars sur la prochaine décennie.

L'exécutif américain assure que la "grande et belle loi", comme l'appelle Donald Trump, prévoit des réductions de dépenses "permanentes" de 1.400 milliards de dollars, et débouchera à terme sur une "réduction nette" des déficits. Il assure aussi que les droits de douane voulus par le président américain diminueront les déficits de 2.800 milliards de dollars sur dix ans, sans préciser si cette prévision prend en compte les accords commerciaux que le président américain promet de multiplier avec des pays étrangers, accords qui devraient faire baisser les taxes douanières et donc les rentrées fiscales.

Un déficit public en constante augmentation

En janvier dernier, avant l'investiture de Donald Trump, un rapport du CBO indiquait que d'ici dix ans, la dette publique de la première économie mondiale devrait atteindre 52.000 milliards de dollars. Elle représentera alors 118% du produit intérieur brut (PIB), contre 100% en 2025, dépassant "le précédent record de 106% du PIB", atteint en 1946, juste après la Seconde Guerre mondiale.

Le déficit public a nettement augmenté pendant les six premiers mois de l'année fiscale aux États-Unis, incluant le début de la nouvelle présidence de Donald Trump qui a promis de le réduire, selon des données du ministère des Finances. Entre octobre 2024 et mars 2025, premier semestre de l'année fiscale 2025, le déficit budgétaire a déjà augmenté de 23% par rapport à la même période de l'an passé, à 1.300 milliards de dollars. Les recettes ont progressé de 3% à 2.300 milliards mais les dépenses ont bondi dans le même temps de 10% à 3.600 milliards. Il s'agit du deuxième pire déficit des États-Unis sur cette période, le précédent remontant au premier semestre 2021, en pleine pandémie de Covid.

HC avec AFP