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Bien pire encore que celui de la France, le déficit public américain va frôler les 7% du PIB en 2025

Donald Trump s'adresse à des militaires à Fort Bragg en Caroline du Nord le 10 juin 2025

Donald Trump s'adresse à des militaires à Fort Bragg en Caroline du Nord le 10 juin 2025 - Anna Moneymaker / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Le ministre américain de l'Économie Scott Bessent a reconnu devant des députés que le déficit public des États-Unis serait le plus important jamais observé hors période de crise.

Après avoir atteint en 2024 un niveau alarmant de 6,4% du PIB, le déficit public des États-Unis va encore se creuser cette année.

"Le dernier exercice budgétaire est une expérience inédite. Nous n'avons jamais vu un déficit aussi important par rapport au PIB, en dehors des guerres, des pandémies ou des récessions."

L'auteur de cette mise en perspective inquiétante n'est pas un opposant à Donald Trump mais Scott Bessent, l'actuel secrétaire au Trésor, c'est-à-dire le ministre de l'Économie du locataire de la Maison Blanche.

Ce mercredi 11 juin, devant les députés américains, Bessent a estimé que le déficit de l'exercice fiscal en cours se situerait entre 6,5% et 6,7%. Voire davantage. Il s'agirait du troisième exercice consécutif au-delà des 6%.

Des chiffres qui donneraient même des sueurs froides au ministre français de l'Économie. Pour rappel, selon les dernières projections économiques de la Commission européenne publiées le 19 mai, la France enregistrera le pire déficit public de la zone euro en 2025 et 2026, à respectivement 5,6% et 5,7% du PIB, soit un point de moins minimum que celui des États-Unis.

La faute aux démocrates, selon Scott Bessent

Comme le montre ce graphique du déficit américain depuis près d'un siècle, le pays ne s'est jamais retrouvé jamais dans une situation aussi délicate, en dehors des périodes de crise très dure. Les seules années durant lesquelles le déficit a excédé les 7% du PIB ont été 2020 et 2021, durant le Covid, ainsi que de 2009 à 2011, après la grande crise financière. En dehors de ces deux périodes, le déficit oscille entre 1% et 4,5% du PIB. Entre 2000 et 2001, le pays était même en excédent.

Il convient de rappeler que les États-Unis ne sont pourtant pas en crise et sortent de deux années de croissance importantes, 2,9% en 2023 et 2,8% en 2024.

Si le secrétaire au Trésor reconnait la dérive, il n'en endosse pas la responsabilité. Selon lui, c'est l'ancienne administration qui est à blâmer.

"Je trouve très difficile d’être sermonné par des gens qui ont créé le plus grand déficit de l’histoire", a déclaré Scott Bessent.

Les opposants démocrates ont fustigé les baisses d'impôts consenties par Donald Trump, notamment dans sa "grande et belle loi" budgétaire très critiquée notamment par Elon Musk qui l'a qualifiée "d'abomination répugnante".

"Tous les experts vous diront que les baisses d'impôts proposées par Trump aggraveront également notre dette", a taclé le député démocrate Mike Thompson.

Cette dérive des déficits et de la dette américaine inquiète désormais les marchés qui étaient jusqu'à présent plutôt cléments avec les obligations américaines.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco