1.000 milliards de dollars de plus tous les 180 jours: voilà pourquoi, comme Elon Musk, toute l'Amérique s'affole pour la dette du pays

Elon Musk, le milliardaire et ancien patron du Département de l'efficacité gouvernementale, a lancé une violente charge contre la nouvelle loi budgétaire de Donald Trump, mardi 3 juin. Il considère que cette loi "augmentera massivement le déficit budgétaire" des Etats-Unis à 2.500 milliards de dollars, alors que la dette est déjà colossale.
Ce mercredi, le Congressional Budget Office (CBO), un organisme non partisan, a donné une estimation assez proche. Selon leur analyse, le vaste projet de loi républicain qui vise à réduire les impôts et supprimer certains programmes fédéraux entraînerait une hausse de 2.400 milliards de dollars de la dette sur les 10 prochaines années.
La dette fédérale atteint 36.200 milliards de dollars selon le site Fiscal Data du Trésor américain, soit un quasi doublement depuis dix ans (18.900 milliards). Des chiffres tellement élevés qu'il est impossible de trouver des éléments de comparaison. En 2023, elle représentait à elle seule plus du double de celles de toutes les pays de l'UE réunis.

Aux Etats-Unis, le site US Debt Clock montre en temps réel son évolution (sur la base d'estimations). Chaque seconde, ce montant astronomique s'accroit de 60.000 dollars, un rythme de 1.000 milliards de dollars tous les 180 jours.

Comment le pays en est arrivé là?
Pour Christopher Dembick, analyste chez Pictet Asset Management, "cette dette a surtout augmenté en 2019, pas juste à cause de l'effet Covid, mais car le gouvernement a subventionné massivement la relocalisation des entreprises et la création d'emplois".
Cette augmentation est notamment liée à des facteurs structurels: le vieillissement de la population et la hausse rapide des coûts des soins de santé, qui sont désormais les plus élevés au monde. A cela s’ajoutent les intérêts de la dette qui dépassent 1.000 milliards de dollars par an.
Intêrêts de la dette massif
Plusieurs acteurs économiques s'inquiètent du niveau des intérêts de la dette. A l'instar du gestionnaire de fonds spéculatifs Ray Dalio : il a déclaré à Bloomberg qu'il donnait aux Etats-Unis "trois ans, à un an près" pour éviter une "crise cardiaque économique".
Selon l'agence Moody's, sans un effort pour freiner les dépenses publiques et augmenter les recettes fiscales, le déficit public des Etats-Unis pourrait passer de 6,4% du PIB en 2024 à 9% en 2035. La dette publique pourrait atteindre 134% du PIB en 2035 contre 98% en 2024.
Le fait que la Fed garde des taux aux niveaux actuels (4,25/4,50%) induit un refinancement de la dette à des taux plus élevés et alourdit encore la charge de la dette.
Les investisseurs américains à la rescousse
Cette augmentation pourrait donc s'aggraver avec le nouveau projet de loi budgétaire défendu par le président américain, examiné depuis lundi au Sénat.
"Vu le niveau, nous sommes dans une incapacité à réduire drastiquement la dette, ça peut évoluer avec un gain de croissance mais c'est très incertain et marginal", assure Christopher Dembick.
Le seul moyen de sécuriser cette dette est qu'elle soit détenue par des investisseurs américains: c'est le cas aujourd'hui selon l'analyste et l'allègement de la règlementation sur les ratios de solvabilité mise en place cet été devrait renforcer cette situation.