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De 17.000 à 45.000 emplois détruits: l'impact "catastrophique" des droits de douane de Trump sur l'économie française

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Selon une étude d'Asterès parue ce lundi, des droits de douane de 20% sur les vins et spiritueux, les produits cosmétiques et la maroquinerie se traduiraient par la perte de plus de 17.000 emplois dans l'Hexagone. Le cabinet de conseil assure néanmoins que l'Union européenne ferait mieux de renoncer aux mesures de représailles pour privilégier un soutien renforcé aux secteurs exposés.

Quelle stratégie l'Union européenne doit-elle adopter face aux menaces de droits de douane de Donald Trump? Sans accord commercial entre Bruxelles et Washington d'ici au 9 juillet (à moins d'un report à septembre), le président américain a promis d'imposer une nouvelle salve de surtaxes sur les produits européens importés aux États-Unis. Des tarifs qui pourraient atteindre 20% voire même 50% à en croire le locataire de la Maison Blanche.

Invoquant un déficit commercial américain sur les biens de 235 milliards de dollars en 2024 vis-à-vis de l'Union européenne, Donald Trump pourrait viser les secteurs européens ayant les plus forts excédents avec les États-Unis. En retenant cette hypothèse, trois secteurs seraient particulièrement exposés en France selon une étude du cabinet Asterès: les vins et spiritieux (8% des exportations françaises vers les États-Unis), les produits cosmétiques (6%) et la maroquinerie (5%).

Plus de 17.000 emplois perdus

"Ces trois secteurs sont particulièrement visés puisqu’ils forment le trio des secteurs français ayant le plus fort excédent commercial vis-à-vis des États-Unis, avec 3,8 milliards d'euros d’excédent pour les boissons, 2,4 milliards d'euros pour les cosmétiques (y compris les produits d’entretiens) et 2,2 milliards d'euros pour le cuir", observe le cabinet Asterès.

L'impact des droits de douane sur leur activité serait par conséquent désastreux: avec des surtaxes de 20%, les économistes d'Asterès qui tentent d'analyser l'effet sur la demande américaine de l'augmentation des prix des biens ciblés estiment que les exportations de ces trois secteurs reculeraient de 11% et que plus de 17.000 emplois seraient perdus dont 4.300 emplois directs (8.000 emplois perdus dans le secteur des vins et spiritueux, 5.300 emplois dans les cosmétiques et 3.900 dans la maroquinerie).

Dans un second scénario (celui d'une hausse jusqu'à 50% des droits de douane), la facture serait encore plus lourde avec 2,5 milliards d’euros d’exportations perdues et plus de 45.000 emplois détruits. Là-encore, la filière vins et spiritueux serait "la plus fragile, la plus menacée par les droits de douane de Trump", souligne sur BFM Businesss Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès.

"Sur certains territoires, l’impact de ces droits de douane serait à proprement parler catastrophique, avec d’inévitables conséquences sociales", poursuit le cabinet de conseil, tout en précisant que ses estimations sont "a minima" et que "les chiffres réels (...) seraient sans doute malheureusement nettement plus élevés".

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Éviter les mesures de rétorsion

Toujours est-il que c'est l'économie américaine qui serait la première perdante puisque c'est le consommateur américain qui devra payer les droits de douane. "Les résultats d’une étude publiée par Bruegel prédisent que l’impact de la guerre commerciale en cours sera deux fois plus néfaste pour les États-Unis que pour l’Union Européenne", rappelle Asterès.

Les études économiques citées par le cabinet estiment une perte de 51 milliards de dollars pour les États-Unis en un an, soit 0,27 % de leur PIB. Les projections à long terme prévoient même une perte de croissance de 6% et une baisse des salaires de 5%.

Et le cabinet d'assurer que dans ces conditions l'Europe ferait mieux de soutenir les secteurs les plus exposés plutôt que d'imposer des mesures de rétorsion. Ses économistes plaident en effet pour "abandonner les mesures de représailles" et suggèrent "d'étudier les effets potentiels de solutions alternatives, notamment la rechercher de nouveaux partenaires, le renforcement de la coopération avec les partenaires historiques et le soutien aux secteurs en difficultés".

"Il y a certains pays européens, et c'est un peu le cas de la France, qui jouent un peu les gros bras et la surenchère. Je ne crois pas que ce soit un bonne stratégie. Les États-Unis mènent une politique imbécile, ne répliquons pas par une politique imbécile qui irait contre nos intérêts", résume Nicolas Bouzou.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco