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Comment un fabricant de tuyaux, un magasin de cyclisme et un importateur de vin ont fait plier Trump sur les droits de douane

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Cinq petites entreprises américaines étaient à l'origine de la plainte contre les droits de douane du président américain. Toutes mettent en avant leur dépendance aux produits importés.

Nouveau rebondissement dans le long et complexe feuilleton de la guerre commerciale de Donald Trump. Ce mercredi le président américain Donald Trump a subi un camouflet judiciaire, alors qu'un tribunal américain a bloqué les droits de douane dits "réciproques" imposés depuis début avril sur l'ensemble des produits entrant aux États-Unis.

Le tribunal a donné à la Maison Blanche 10 jours pour se mettre en conformité. Le gouvernement américain a dans la foulée fait appel de cette décision.

La justice américaine se prononçait à la suite de deux plaintes déposées ces dernières semaines, l'une par une alliance de douze États américains, notamment l'Arizona, l'Oregon, New York et le Minnesota, l'autre par un groupe d'entreprises américaines.

Et ce ne sont pas des mastodontes de l'industrie américaine, des géants du commerce ou des piliers de la Silicon Valley qui ont réussi à faire plier (au moins momentanément) le gouvernement de la première puissance mondiale. Mais une poignée de petites entreprises réunies au sein d'une association, le Liberty Justice Center.

"Le Congrès n’a délégué aucun pouvoir de ce type, peut-on lire dans la plainte. La loi invoquée par le Président -l'International Emergency Economic Powers Act (IEEPA)- ne l’autorise pas à imposer unilatéralement des droits de douane universels à l’échelle mondiale."

Le président américain avait argué d'un état d'urgence pour décrété la hausse des droits de douane des États-Unis envers le reste de la planète.

Des surcoûts considérables

C'est un groupe de cinq petites entreprises américaines qui est à l'origine de ces poursuites. D'abord une société d'importation new-yorkaise de vins, spiritueux et autres saké qui s'appelle VOS Selections. Les menaces de Donald Trump sur les alcools (et noamment français) ont provoqué la colère des responsables de cette petite compagnie fondée en 1987.

Les autres plaignants sont des sociétés quasi-anonymes qui disent d'ailleurs représenter "le travailleur américain". On trouve notamment FishUSA, une entreprise de Pennsylvanie qui vend du matériel de pêche, Genova Pipe qui fabrique dans l'Utah des tuyaux et des raccords en plastique pour la plomberie ou encore Microkits, un fabricant d'instruments de musique de Virginie et enfin Terry Cycling qui commercialise depuis le Vermont des vêtements de cyclisme.

Cette dernière entreprise venait d'ailleurs d'être rachetée par un entrepreneur local lorsque Donald Trump a été élu. La mise en place des droits de douane a porté un coup à son activité.

"Terry Cycling a déjà payé 25.000 dollars en droits de douane imprévus cette année pour des marchandises dont Terry était l’importateur officiel, et Terry prévoit que les droits de douane coûteront à l’entreprise environ 250.000 dollars d’ici la fin de 2025", indique la plainte consultée par CNBC.

Ces entreprises très dépendante de l'importation et du libre-échange s'attendent à une hausse des tarifs douaniers qui pourrait être fatale pour leur modèle économique.

Terry Cycling s’attend par exemple à devoir faire face en 2026 à des coûts tarifaires estimés à 1,2 million de dollars, un montant qui n’est tout simplement pas supportable pour une entreprise de sa taille, selon son propriétaire.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco