Ce gaz allait auparavant en Europe: la Russie va construire un immense gazoduc vers la Chine (et devrait brader le prix du gaz pour Pékin)

Xi Jinping et Vladimir Poutine, au Kremlin, le 8 mai 2025. - Evgenia Novozhenina / AFP
Vladimir Poutine a convaincu Xi Jinping. La société russe Gazprom annonce avoir conclu un accord pour augmenter ses livraisons de gaz à la Chine et construire un nouveau gazoduc de grande capacité, rapporte Reuters à partir des agences de presse russes ce mardi 2 septembre.
Dans le détail, le directeur général de Gazprom, Alexeï Miller a déclaré qu'un accord avait été signé pour augmenter les livraisons via un gazoduc existant, "Power of Siberia", qui relie la Sibérie orientale à la Chine. Les volumes livrés vont passer de 38 à 44 milliards de mètres cubes (mmc) par an.
Surtout, le patron de Gazprom assure qu'un "protocole d'accord juridiquement contraignant" a été conclu pour la construction du gazoduc "Power of Siberia 2".
Ce projet, en suspens ces derniers mois, permettrait de livrer 50 milliards de mètres cubes par an à la Chine, via la Mongolie, à partir des gisements gaziers de Bovanenkovo et de Kharasavey situés dans la péninsule de Yamal, en Sibérie. Ces gisements alimentaient autrefois l'Europe.
En clair, ce gazoduc pourrait doubler les exportations de gaz russe vers la Chine et donner à la Russie de précieuses ressources financières alors que son économie est actuellement en grande souffrance.
Pas de précision sur les prix
Selon Bloomberg, Gazprom, qui dispose d'un monopole sur les exportations de gaz russe, s'est engagée à proposer un prix inférieur à celui actuellement pratiqué pour les pays européens mais aucun chiffre précis n'a été avancé.
Aucune précision n'a non plus été donnée pour le moment quant à la répartition financière de la construction du nouveau gazoduc. Le Financial Times rapportait en 2024 que XI Jinping ne donnait pour l'instant pas suite à ce projet proposé par Vladimir Poutine en raison de son prix.
"La Chine pourrait avoir besoin du gaz russe stratégiquement, car il s'agit d'une source d'approvisionnement sûre, indépendante des routes maritimes qui seraient affectées en cas de conflit maritime (...) mais pour que cela en vaille la peine, la Chine a vraiment besoin d'un prix très bas et d'obligations flexibles", estimait Alexander Gabuev, directeur du Carnegie Russia Eurasia Center, dans le Financial Times.
Tournant vers l'Asie
Cette annonce intervient alors que la Russie cherche à renforcer ses liens avec la Chine, son principal partenaire commercial. Moscou a perdu d'importantes parts de marché en Europe en raison des sanctions imposées après l'invasion de l'Ukraine décidée par Moscou en 2022 et cherche depuis plusieurs mois à réorienter ses installations gazières vers l'Asie.
Ce serait également un bol d'air pour Gazprom, qui annonçait l'an passé une perte record de 6,4 milliards d'euros en raison du rétrecissement du marché européen.
Ces accords ont été signés lors de la visite en Chine du président russe Vladimir Poutine, qui doit assister à un défilé militaire sur la place Tiananmen marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale après la capitulation officielle du Japon.
Xi Jinping et Vladimir Poutine ont affiché ce mardi 2 septembre leur proximité dans un contexte global tendu, le président russe évoquant des relations à un "niveau sans précédent" devant son homologue chinois à Pékin. Ce dernier a salué, pour sa part, la relation de "collaboration stratégique complète" entre les deux pays.